Castres - 8ème RPIMa - Le chant du régiment pour leurs camarades disparus

Castres. Le chant du régiment pour leurs camarades disparus

Publié le 11/12/2013 à 07:50, Mis à jour le 11/12/2013 à 12:05 | 17

Le président François Hollande avec les soldats français à Bangui. Fred Dufour

Des fleurs posées anonymement devant les grilles du quartier Fayolle à Castres. Cela rappelle de mauvais souvenirs aux militaires du 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine. Déjà durement touché en août 2008 en Afghanistan avec la mort de huit militaires (voir encadré), le régiment castrais a perdu deux nouveaux frères d’armes dans la nuit de lundi à mardi. Les soldats de première classe Antoine Le Quinio et Nicolas Vokaer, âgés de 22 et 23 ans, sont décédés au cours d’une patrouille de nuit dans un quartier de Bangui, la capitale de Centrafrique.
Peu avant minuit, leur section, une trentaine de militaires appartenant à la 1re compagnie du «8» qui fait partie de la force Sangaris, a été prise à partie à très courte distance. «Ils ont dû déranger la quiétude de certains», suppose le lieutenant-colonel Benoît Fine, commandant en second du régiment castrais. Durant l’échange de tirs, les deux parachutistes ont été grièvement blessés. «Ils ont été immédiatement pris en charge par leurs camarades, avant d’être évacués vers l’antenne chirurgicale avancée sur l’aéroport de M’Poko, où ils sont décédés des suites de leurs blessures, déplore le commandant qui dirige le quartier Fayolle en l’absence du chef de corps le colonel Vincent Tassel qui est à Bangui avec les trois compagnies du «8», soit 450 hommes, engagés dans cette opération de l’armée française.
Hier matin, le lieutenant-colonel Fine a réuni ses hommes pour leur faire part du décès de leurs camarades. «Et même si nous sommes en base arrière et donc peu nombreux présents ici, à peine 200, je vous promets que le chant du régiment portait dix fois plus que quand nous sommes 1200, lâche le commandant. C’est une épreuve qui fait mal mais c’est aussi ce qui nous soude. On savait que c’était une opération difficile et dangereuse. Cela fait partie de notre métier». Et le lieutenant-colonel connaissait bien ces deux soldats puisqu’ils étaient déjà allés en République centrafricaine pour participer à l’opération Boali de décembre 2012 à mars 2013 avec lui. «C’étaient des soldats aguerris et expérimentés, affirme-t-il malgré leur jeune âge. Ils avaient à leur actif plus de deux ans de service.» Originaire d’Angers, Antoine Le Quinio s’est engagé pour 5 ans le 4 juillet 2011 après avoir obtenu son baccalauréat option pilotage des systèmes de production automatisée. Il avait rejoint le 8e RPIMa le 3 novembre 2011. Considéré comme un élément «motivé et dynamique», il occupait la fonction d’aide tireur Eryx, arme antichar de courte portée. Il s’était particulièrement distingué par son professionnalisme et avait obtenu une lettre de félicitations collective pour la qualité des services rendus.
Comme son camarade Nicolas Vokaer, originaire de Tremblay-en-France en région parisienne, qui venait de resigner pour un contrat de deux ans après avoir intégré le «8» le 6 juin 2011. Titulaire d’un BEP option vente action marchande, il avait rapidement fait preuve «d’un fort potentiel et de prédispositions pour le métier des armes». Ce tireur spécialiste appui direct, était «motivé, discipliné et volontaire». «J’ai eu leur famille au téléphone. Leurs mères ont été dignes et fortes, confie le lieutenant-colonel Fine. Même si elles ne sont pas ici, on va s’occuper de leur famille et rendre à nos camarades les honneurs militaires qu’ils méritent». Hier le régiment ne savait pas encore quand les corps d’Antoine Le Quinio et Nicolas Vokaer, célibataires et sans enfant, seraient rapatriés.

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Le lourd tribut payé par le «huit»
«Le «8» est le régiment de l’armée française à qui on confie les missions les plus difficiles. Il est encore le fer de lance de cette opération en Centrafrique», confie bouleversé le député UDI de Castres Philippe Folliot qui rappelle que «le métier de militaire, comparable à nul autre, peut aboutir in fine au sacrifice suprême, celui de la vie». Depuis sa création en 1961 en Indochine, le 8e RPIMa, installé à Castres depuis 50 ans, a perdu 545 militaires en opération, en comptant les deux marsouins parachutistes de 1re classe morts au combat dans la nuit de lundi à mardi en Centrafrique. «Deux de plus», confie le lieutenant-colonel Benoît Fine qui a encore en mémoire le triste souvenir du 18 août 2008. Dix militaires français, dont 8 appartenant au régiment castrais, se faisaient tuer et 21 autres blesser en Afghanistan dans l’embuscade d’Uzbin, tendue par des insurgés.
Brian Mendibure

source La Dépêche du Midi

Le 8 paie hélas un lourd tribu dans les OPEX...