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| L’intervention militaire française au Mali, le 11 janvier 2013, fut d’abord une surprise stratégique pour les djihadistes qui, en lançant la veille leur offensive vers le sud du pays, ne l’avaient probablement pas anticipé. | |
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ParaGuépard Pro !
| Sujet: L’intervention militaire française au Mali, le 11 janvier 2013, fut d’abord une surprise stratégique pour les djihadistes qui, en lançant la veille leur offensive vers le sud du pays, ne l’avaient probablement pas anticipé. Dim 26 Jan 2014 - 12:28 | |
| L’intervention militaire française au Mali, le 11 janvier 2013, fut d’abord une surprise stratégique pour les djihadistes qui, en lançant la veille leur offensive vers le sud du pays, ne l’avaient probablement pas anticipé. Cette erreur d’appréciation devait certainement à une vision d’Etats occidentaux désormais réticents à s’engager au combat vraiment après l’expérience afghano-irakienne, vision confortée d’ailleurs par un certain nombre de déclarations françaises au cours des mois précédents. Dans ces conditions, face à une Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) particulièrement lente à se mettre en place, et une armée malienne décomposée, les organisations djihadistes ont pu croire qu’elles bénéficiaient d’une liberté d’action pendant quelques mois, liberté dont elles ont voulu profiter. Leur analyse était en partie juste : nous avions effectivement atteint un point bas dans la manière de mener des interventions militaires, mais ce point bas était aussi un point d’inflexion.
L’opération Serval consacrait d’abord le retour à une forme classique d’intervention rapide de la France, proche de celle que l’on connaissait durant la guerre froide. La France avaient notamment mené une série d’opérations de guerre en Afrique de 1977 et 1980 qui avaient toutes été des succès militaires. Ces succès résultaient d’un système spécifique reposant sur des institutions autorisant un processus de décision rapide, des unités prépositionnées, des éléments en alerte en métropole, des moyens de transport et de frappe à distance, la capacité à fusionner avec des forces locales et la combinaison tactique du combat rapproché au sol et des appuis aériens. Les opérations françaises ont commencé à perdre de leur efficacité lorsqu’on est sorti de ce système. De la Force d’interposition des Nations-Unies au Liban en 1978 à l’opération Licorne débutée en 2002 en République de Côte d’Ivoire, l’armée française a payé cher l’abandon de la notion d’ennemi et la stérilité des missions d’interposition. De l’engagement en Bosnie en 1995 à celui mené contre le régime de Kadhafi en 2011, les opérations de guerre, c’est-à-dire face à des ennemis politiques, ont alors été conduites en coalition sous leadership américain jusqu’à l’épuisement. Parallèlement, sur le sol africain, la France était dans un processus de désengagement militaire, réduisant le nombre de ses conseillers aux forces locales et de ses bases tout en privilégiant le soutien aux forces régionales et l’appel à l’Union européenne. L’occupation du nord du Mali par les groupes djihadistes en toute impunité pendant toute l’année 2012 consacrait la fin de ces processus. La réticence des Alliés occidentaux à engager des troupes même contre des groupes terroristes et la difficulté de la plupart des Etats africains à mettre en place des forces puissantes (un an pour engager 3 000 hommes, ce qui d’évidence aurait été insuffisant) laissaient la France comme seule puissance ayant encore les moyens et la volonté d’intervenir. Il n’y avait d’autre choix que le retour à la forme classique d’intervention « à la française ». La clé de voûte du mouvement était une volonté politique claire, assumant d’emblée l’idée de guerre, et sans intrusion tactique. Ce préalable acquis, le reste du système d’intervention a été prompt à se réactiver. La surprise stratégique de la décision a pu dès lors se doubler d’une surprise opérative, grâce au dispositif d’alerte en métropole et surtout au maintien du réseau de bases dans la région. Cette proximité, et l’aide de nos alliés ont permis par ailleurs de compenser l’affaiblissement de nos moyens de transport aérien. Il a été ainsi possible de porter très rapidement un coup d’arrêt à l’offensive en cours au centre du Mali par des moyens aériens tout d’abord, puis en l’espace de quelques jours par la mise en place d’une brigade terrestre. En deux semaines, les forces engagées ont dépassé en volume le plus fort de l’engagement en Afghanistan. Le bénéfice de la surprise s’est maintenu avec une contre-offensive immédiate. La rapidité de l’offensive en direction de Gao et Tombouctou a permis de libérer la boucle du Niger dès le 28 janvier. La capacité à enchaîner rapidement les actions s’est confirmée avec l’occupation des villes du Nord avec la formation une nouvelle coalition avec les forces tchadiennes mais aussi des éléments touaregs retournés, tandis que simultanément un groupement tactique était chargé de la sécurisation de la région de Gao avec les forces armées maliennes (FAM). Dans ce type de conflit contre des organisations non-étatiques où aucun traité ne vient officialiser la victoire, c’est au politique de marquer symboliquement les succès. Tel fut l’objet du voyage du président de la République le 2 février, consacrant la réussite de la première partie de la mission donnée aux armées : la restauration de l’autorité de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire. La deuxième partie, la destruction des organisations ennemies, se limitait alors à la disparition d’Ansar Eddine, l’organisation radicale touareg. Les trois autres mouvements armés djihadistes - Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest (MUJAO) et les Signataires par le sang de Mokhtar Belmokhtar - conservaient encore la majeure partie de leur potentiel, en dépit des frappes aériennes. Plusieurs centaines de combattants d’AQMI aguerris et motivés s’étaient installés depuis des années dans le massif de Tigharghâ à l’ouest de l’adrar des Ifhogas. Après avoir localisé cette base, les forces françaises ont accepté le combat rapproché, ce qui a sans doute constitué une nouvelle surprise pour des djihadistes. Après une manœuvre de bouclage menée par les forces françaises et tchadiennes, la zone a été conquise à pied par un groupement d’infanterie légère, fortement appuyé par artillerie et moyens aériens. Preuve était ainsi faite également que, dans un combat asymétrique, le « fort » ne l’emporte que s’il rivalise avec lui dans le combat rapproché en milieu difficile. Après un mois de combat, du 19 février au 21 mars, le bastion d’AQMI au Mali a été détruit et plus de 200 de ses combattants, dont le chef de katiba Abou Zeïd, ont été tués ou capturés. La situation dans la région de Gao était plus complexe. Contrairement à AQMI, le MUJAO poursuivait depuis le 5 février un combat asymétrique fait de multiples actions d’éclat combinant attaques suicide, infiltrations et tirs de harcèlement. Face à cette menace, les forces françaises, maliennes et nigériennes dans la région du fleuve Niger ont mené une série d’opérations ponctuelles dans la région, détruisant la plupart des bases du mouvement et lui causant encore plus de pertes que contre AQMI. Comme la visite du président du 2 février, celle du ministre de la Défense le 7 mars a voulu marquer politiquement la fin d’une nouvelle phase. Après trois mois de combats, la mission assignée par le chef des armées – rétablir la souveraineté de l’Etat malien sur l’ensemble de son territoire et y détruire les forces des organisations terroristes – était accomplie. La situation n’était évidemment pas normalisée pour autant et l’opération Serval changeait logiquement de nature (peut-être aurait-il fallu changer de nom?), les forces françaises passant en soutien de celles de la Mission des Nations-Unies au Mali (MINUSMA) mises en place à partir de juillet 2013 et participant à la mission de formation de l’armée malienne en attendant la stabilisation de la situation, processus qui ne peut que s’inscrire dans le long terme et dans un contexte régional. Les organisations terroristes sont toujours présentes et conservent une capacité d’action dans tout le Sahel. La question touareg n’est pas résolue et l’alliance tactique française avec les organisations locales, pourtant à l’origine des événements de janvier 2002, a irrité les gouvernements alliés de la région et continuera de constituer un facteur de discorde tant qu’une solution politique n’aura pas été trouvée. A plus long terme, les facteurs politiques, économiques et même écologiques d’affaiblissement des Etats de la région sont toujours présents. Le conflit est entré maintenant dans une « longue traîne » de la stabilisation. Il s’inscrit maintenant dans une stratégie pour l’ensemble de la région consacrant le retour de la France en Afrique subsaharienne. Michel GOYA | |
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