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| Lucien Piers 6ème BPC Diên BIên Phù | |
| | Auteur | Message |
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Rivoil Pro !
| Sujet: Lucien Piers 6ème BPC Diên BIên Phù Ven 7 Fév 2014 - 15:10 | |
| Nous devons de rendre honneur à tous nos anciens - Lucien Piers a écrit:
Comme promis Claude Millet est venu à mon secours par téléphone et je pense maintenant avoir bien compris le fonctionnement basic de notre forum. Puis, la conversation en est arrivé sur le C/C Hamel et la prière du parachutiste. Je lui ai fais part de cette dramatique épopée.Très intéressé par le sujet, j'ai promis à Claude de le mettre en page...
Claude, j'ai retrouvé ce récit que j'avis écrit il y a quelque temps. Dis moi si cela te satisfait. Lucien
20 novembre 1953, le 6° B.P.C aux ordres du commandant Bigeard participe à l’opération « Castor » Je fais parti de 12° Cie commandée par le lieutenant TRAPP indicatif « Hervé » Je suis tireur à la mitrailleuse de 30 mon chargeur André LEPOITEVIN – le 2° chargeur et le reste de l’équipe sont des Vietnamiens. Notre pièce est commandé par le Caporal-Chef MASSé. Dans le Dakota la pièce mitrailleuse est placée en première position à la porte, le tireur et le chargeur aident le largeur au « GO » pour pousser la gaine dehors, le chef de pièce saute en troisième position.
Au signal nous poussons la gaine et plongeons derrière, mon parachute ouvert, je localise la gaine et tracte pour m’en rapprocher au maximum. Je tombe sur le parachute de la gaine et aussitôt commence le déballage, je suis seul, mon champ de vision est très limité par les herbes à éléphant qui font au moins deux mètres de haut, j’attends avec beaucoup d’impatience l’arrivée du reste du groupe, les minutes passent, tout autour la bataille fait rage des rafales retentissent dans tous les coins. J’ai mis la pièce en batterie et engagé une bande de cartouches, je suis prêt à tirer, sans savoir dans quelle direction ! Massé arrive enfin tout étonné que je sois seul, nous n’avons aucun moyen de nous localiser, soudain débouchant à une dizaine de mètres devant nous, un groupe de viets qui cherchent leur salut dans la fuite vers les collines qui sont proches de nous. Avant qu’ils nous aient repérés Massé qui à pris la place du chargeur me donne l’ordre « feu » la pièce fait des dégâts, à cette distance il est difficile de manquer la cible. L’ennemi prend la fuite sans chercher à récupérer les morts, une grenade tombe à 1 mètre de nous mais elle n’explose pas, heureusement. Massé décide qu’il nous faut faire mouvement pour essayer de retrouver les nôtres. Chargés comme des mulets, Je porte la mitrailleuse et le trépied plus une boite chargeur de 250 cartouches, Massé lui 4 boîtiers, nous faisons mouvement en direction de la lisière et nous rejoignons bientôt des éléments de la 11° Cie. Nous devons refaire un voyage jusqu’à notre point d’atterrissage car nous n’avons pas pu tout emporter, nous récupérons notre matériel sans problème et rejoignons la 11° Cie.
Massé va se présenter et fait passer le message indiquant notre position et demandant des ordres. Nous localisons le fumigène qui marque le point de regroupement prévu. Nous nous présentons au Lieutenant TRAPP qui nous garde à ces cotés, mais nous ne serons pas engagés. Quelques temps après notre groupe est reconstitué et nous reprenons la progression avec le commando de commandement pour gagner le village ou les combats ont cessé. Nous nous installons en position de défense. Le lendemain les éclaireurs, avec qui Massé était parti, découvrions dix corps viets qui ont essuyé le tir de notre mitrailleuse et sont restés sur le terrain. Le bataillon reste à Diên Biên Phu jusqu’au 11 décembre, nous rentrons à Hanoï par avion.
Le 2° épisode D.B.P commence le 16 mars, nous sautons en renfort de la garnison qui est attaquée depuis le 13, cette fois la DZ est dégagée et le regroupement ce fait sans problème, le Caporal-Chef Jean-Paul HAMEL a succédé à Massé rapatrié en fin de contrat. Les obus tombent, nous sommes allongés au bord de la route. Les ordres arrivent, nous faisons mouvement, HAMEL et moi marchons à reculons regardant nos hommes et les exhortant à prendre des distances, soudain c’est l’enfer, des obus tombent et je me retrouve à terre sans connaissance, quand je reviens à moi je cherche de vue le groupe, tous sont blessés ou morts impossible de le savoir, je me tourne vers l’autre coté et apercevant le sergent BALISTE qui parle dans le combiné de son poste radio ; je lui demande de transmettre que les 2 pièces mitrailleuses sont H.S. A dix mètres de moi HAMEL gît sur le dos, il a le bras gauche coupé, moi j’ai très mal à l’épaule gauche et dans le dos, du sang coule sur ma main. Je tente de me rapprocher de LEPOITEVIN il à une énorme blessure au thorax, il est inconscient. Les Vietnamiens Tran van Chuong – Nguyen van Ly – Nguyen van Bo – Nguyen van Thu sont sans vie. La pièce commandée par le Caporal-Chef Nguyen van KY a subi le même sort ils sont tous hors de combat.
Un 4 X 4 passe, des Légionnaires m’embarquent et me conduisent vers leur PC ou je recevrai les premiers soins. Je dois être évacué le soir sur l’antenne principal pour y passer une radio. J’arriverai bien à l’antenne, mais le poste de radiographie à été détruit par un obus. J’apprends la mort de mon ami Lepoitevin, un infirmier me dit que notre chef de pièce Hamel a été évacué, en tout cas je ne le retrouverai pas à l’antenne. Ne pouvant passer la radiographie, je suis mis avec les blessés qui doivent être évacués si un avion se pose. Après plusieurs tentatives, je finirai par prendre place à bord d’un Dakota qui se pose dans la nuit du 24 au 25 mars ; direction Hanoï et l’hôpital Lanessan. Diên Biên Phu est fini pour moi, mon bataillon sera dissout et je serai rapatrié sur la France. Malheureusement je laisse dans cette terre d’Indochine une partie de ma vie, une vilaine blessure qui ne se cicatrisera jamais et qui continuera de me hanter jusqu'à ma mort. J’ai beau me dire que c’est le destin, jamais je ne me consolerais de ne pas avoir participé avec ma compagnie à la suite de cet épisode de la bataille. Jean-Paul Hamel reprendra contact avec moi quelques années plus tard ayant retrouvé l’adresse de mes parents. Nos retrouvailles furent heureuses, mais nous ne parlerons pas de ce 16 mars ! La peur de réveiller les démons ? Pourquoi avons nous été épargnés ? Pourquoi sommes nous vivants ?
Fasse Dieu que je retrouve un jour Dédé et nos Vietnamiens.
Lucien Piers La suite ICI _________________ « On peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier ; on ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de se renier, de se parjurer. »Commandant Hélie de Saint-Marc dernier chef de corps du 1er REP
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| | | FOUQUET66 Expert
| Sujet: Re: Lucien Piers 6ème BPC Diên BIên Phù Ven 7 Fév 2014 - 16:09 | |
| Merci Lucien de nous faire partager ce poignant récit. | |
| | | rousseau serge Pro !
| Sujet: Re: Lucien Piers 6ème BPC Diên BIên Phù Ven 7 Fév 2014 - 18:03 | |
| mes respects mr Lucien Piers merci pour ce récit pour moi trés émouvant et dur a la fois en pensant a mon oncle Serge-Emile..
amitiés serge | |
| | | GARD Expert
| Sujet: Re: Lucien Piers 6ème BPC Diên BIên Phù Sam 8 Fév 2014 - 8:25 | |
| Un grand merci pour ce témoignage... | |
| | | jacky alaux Expert
| Sujet: Re: Lucien Piers 6ème BPC Diên BIên Phù Sam 8 Fév 2014 - 15:19 | |
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| | | | Lucien Piers 6ème BPC Diên BIên Phù | |
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