F. Danigo : «Sentinelle devient structurant»
Publié le 11/07/2015 à 08:02
Sécurité - Défense
Le colonel Frédéric Danigo fier de retrouver le Huit et d'en prendre le commandement. /Photo DDM, S.B.
Le colonel Frédéric Danigo devient le chef de corps du 8e RPIMa à partir de ce matin 11 heures, soit au moment de sa prise de commandement officielle. Rencontre.
Point de passation symbolique mais prise de commandement ce matin au 8e RPIMa. En l'absence du colonel Vincent Tassel, en opération au Tchad, le colonel Frédéric Danigo devient ce matin le nouveau chef de corps du régiment. En amont, il a accepté de nous rencontrer.
Quelques mots sur votre parcours ?J'ai un parcours très classique d'officier : je suis Saint-Cyrien et j'ai commencé ma carrière au 3e RPIMa à Carcassonne comme chef de section puis comme capitaine. Au cours de mon parcours j'ai eu le grand plaisir de découvrir le Huit et Castres au titre d'instructeur spécialisé alors basé à Rueil-Malmaison : mon boulot, c'était d'aider à la préparation des détachements qui partent en opérations, et j'étais notamment venu à Castres pour la préparation Afghanistan. Castres ... que j'ai retrouvée deux ans plus tard comme chef du Bureau opération-instruction, où j'ai succédé de 2010 à 2012 à un certain lieutenant-colonel ... Tassel ! La première année j'ai servi sous les ordres du colonel Du Chaxel et la seconde sous ceux du colonel Chasboeuf.
Ce poste au «8» vous l'avez donc souhaité ?Bien sûr ! (rires) On ne vient pas ici par hasard. Très heureux de revenir car j'y reviens avec un excellent souvenir professionnel, et, familialement, un excellent souvenir personnel : nous nous sommes plus tout de suite à Castres. Deux belles années au BOI dans une boutique que j'ai appris à connaître et à apprécier. J'ai donc l'honneur de poursuivre une tradition exceptionnelle au sein d'une boutique remarquable, qui a un tel esprit de corps que l'on a forcément envie d'y revenir. Ce n'est pas la dernière étape d'un officier mais certainement un aboutissement, une forme de point d'orgue. Une grande fierté.
Vous auriez pu solliciter le «3» de Carcassonne ?Ce n'est pas si simple… Mais, les deux boutiques fonctionnent parfaitement. Elles ont deux manières de créer l'esprit de corps, de se raconter, de se définir. Chacun avec sa personnalité, ce sont des régiments proches. Actuellement, le chef de corps du Trois c'est le lieutenant-colonel Journé qui est de ma promotion, et qui a servi au «8» comme capitaine. Il n'en reste pas moins vrai, qu'à Castres, il y a une relation très particulière avec le régiment. On vit en symbiose avec la ville. Les gens de chez nous sont en général assez dynamiques : ils vont aider dans les clubs, les associations, les comités des fêtes… Beaucoup d'anciens font souche dans la région aussi. Tout ça contribue à créer une dynamique qui fait que le régiment n'est pas qu'un impact économique.
Pourtant, le régiment n'a pas manqué de changer ?Est-ce qu'il a changé ? Évolué très certainement. Récemment, il est passé par des expériences opérationnelles très fortes avec le colonel Tassel. Il a encore acquis de l'expérience, s'est adapté à de nouvelles conditions de soutien, à de nouveaux matériels, dont Félin. Le Huit a toujours été un régiment motivé par les défis, les changements, les innovations. Mais, l'état d'esprit lui perdure…
De quel Quartier héritez-vous aujourd'hui ?En fait, il n'y a qu'une compagnie de combat en Opex : la 2 ; plus un détachement de la compagnie de commandement et de logistique. Soit quelque 300 paras projetés avec le colonel Tassel. La 1re , environ 150 hommes, est en Nouvelle-Calédonie. Ce qui est un peu exceptionnel, c'est qu'une partie de mon état-major est projetée, notamment certains de ceux qui deviennent mes chefs de service à partir de ce jour. Des subordonnés importants sont donc actuellement en opération.
Vous avez aussi des éléments sur Sentinelle (NDLR : mission de surveillance sur le territoire national ) ? Sentinelle devient un des éléments structurant de nos activités. Là, la «3» vient de rentrer de l'ouest de la France, entre Nantes et Rennes. Elle retournera à Paris en août. Jusque-là, Vigipirate n'était pas un facteur dominant de notre programmation ; on ne bâtissait pas nos activités autour de ça. Aujourd'hui, Sentinelle devient effectivement structurant : il y a des «blocs» Sentinelle de 6 semaines. Les unités qui ne seront pas sur un départ en opération extérieure seront sur un rythme de Sentinelle, qui va revenir à intervalle très régulier. Ce qui aura forcément un impact sur la manière dont on va devoir conduire notre entraînement et notre préparation opérationnelle.
Premiers coups de griffes au nord Niger
Depuis son arrivée le 3 juin dernier à la tête du fuseau Est de l'opération
Barkhane sur la bande sahélo-saharienne(BSS), le groupement tactique désert Est (GTD-E), dit
Chimère, dont le 8e RPIMa forme l'ossature, (état-major, 2e compagnie et compagnie de commandement et de logistique) a mené ses premières actions de lutte contre les groupes armés terroristes (Gat) dans le nord Niger. Ces premiers coups de griffes sont intervenus peu après l'installation ooors d'une action nommée
opération Tchera.
Menée en partenariat avec les forces armées nigériennes (Fan),
Tchera a mobilisé près de 170 hommes dont deux sections d'infanterie du 8e RPIMa, un peloton blindé du 3e RH, des sapeurs du 17e RGP; l'ensemble était appuyé par des hélicoptères de manœuvre et des éléments de soutien logistique et sanitaire.
Après une phase de reconnaissance motorisée depuis la base avancée temporaire (Bat) de Madama, les Volontaires et leurs camarades du GTD-E
Chimère ont poursuivi leurs efforts par une action de contrôle de zone dans la région de la passe de Salvador. Dans ce vaste passage de transit entre la Libye et le nord du Sahel, les paras ont découvert 3 plots logistiques contenant de l'eau et du carburant (200 l au total) et utilisés par le Gat au cours de leurs mouvements. Ils ont par ailleurs appuyé la saisie par les forces armées nigériennes d'un véhicule contenant armement et munitions. Ce sont ainsi près de 1 500 cartouches de petit calibre, une trentaine d'obus de mortier, des roquettes ainsi qu'une mitrailleuse qui ont été interceptés.
«Bio» en bref
Le colonel Danigo, 42 ans, est né à Castelsarrasin (82) au sein d'une famille de militaires originaire de Bretagne.Marié depuis 20 ans, 5 enfants.
Les éléments de son cursus :
1993-1996 : école militaire de Saint-Cyr promotion Lannes ;
1996-1997 : école d'application d'infanterie Montpellier ;
1997-2000 : 3e RPIMa Carcassonne, chef de section de combat (3e compagnie) ;
2000-2002 : régiment d'infanterie de Marine du Pacifique, Polynésie, Tahiti, comme chef du centre d'aguerrissement outer-mer ;
2005-2008 : école militaire de spécialisation Rueil Malmaison, instructeur OME ;
2009-2010 : command and staff college US Marines corps university, Quantico ;
2010-2012 : 8e RPIMa chef BOI ;
2012-2015 : cabinet du chef d'état-major de l'armée de Terre, en mobilité externe ministère Affaires étrangères, direction des Nations Unies.
Propos recueillis par S.B.