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| Bruno Dary : «Souvenir de Kolwezi» | |
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claude millet Fondateur
| Sujet: Bruno Dary : «Souvenir de Kolwezi» Sam 19 Mai 2018 - 20:03 | |
| Bruno Dary : «Souvenir de Kolwezi»
- Par Alexandre Devecchio
- Mis à jour le 18/05/2018 à 16:54
- Publié le 18/05/2018 à 16:52
FIGAROVOX/TRIBUNE - 40 ans jour pour jour après la bataille de Kolwezi, le général Dary raconte cette opération à laquelle il a participé dans une unité de la Légion étrangère, pour délivrer des otages européens retenus dans la ville minière par des rebelles katangais. En ce mercredi 17 mai 1978, à la tête de ma section de tireurs d'élite du 2e REP depuis presque deux ans, j'avais organisé, avec mon camarade Bertrand Bourgain, une course d'orientation dans le désert des Agriates (Corse). En pleine course, on nous alerta que nous devions rejoindre le régiment, pour cause d'alerte. Il nous arrivait souvent de «prendre l'alerte». Toutefois, quand nous avons vu un Transall ramener les légionnaires en stage sur le continent, nous nous sommes dit que l'affaire devenait sérieuse. En nous câblant sur RFI, en outre, nous avons appris que des événements graves se passaient au Katanga. Au cours de la nuit, l'alerte fut déclenchée et nous quittâmes Calvi, à bord de nos vieux GMC, ces camions increvables de la 2e Guerre mondiale, qui consommaient un litre d'essence à la minute. Nous rejoignîmes la base de Solenzara. Le général commandant la division parachutiste vint s'adresser à nous, puis nous embarquâmes dans des aéronefs civils, les uns par un vol direct pour Kinshasa (Zaïre, actuelle République démocratique du Congo, NLDR), et les autres, dont ma compagnie, avec une escale à Dakar, ce qui nous fit arriver après les autres à Kinshasa et constituer la deuxième vague. » LIRE AUSSI - Kolwezi, l'opération commando légendaire En ce 19 mai après-midi, tandis qu'avait lieu le largage de la première vague, la deuxième se préparait à Kamina, pour nous rapprocher de Kolwezi. Ce gain de temps ne fut toutefois pas suffisant, car alors que nous survolions la zone de largage à la tombée de la nuit, le colonel Erulin décida fort pertinemment de reporter le saut au lendemain. Malgré notre déception, cette décision était judicieuse, car un regroupement de nuit, dans les hautes herbes, aurait pris du temps, et surtout, aurait pu entraîner des méprises. À cet égard, ce fut une autre décision judicieuse du colonel Erulin, de «geler» les dispositifs tactiques la nuit venue, d'une part pour éviter les tirs fratricides, car à l'époque nous n'avions aucun moyen d'intensification de lumières (ils nous furent livrés quelques jours plus tard…) et, d'autre part, comme la population se terrait chez elle, nous savions que tous ceux qui se déplaçaient de nuit ne pouvaient être que des ennemis. Dès notre arrivée au sol, je fus impressionné par trois éléments. D'abord le silence, qui régnait dans la ville: personne dans les rues, aucun véhicule, pas de cris d'oiseaux, un silence de mort, seulement ponctué par les déflagrations des armes automatiques ; ensuite, l'odeur de charogne, causée par des cadavres humains en pleine décomposition, qui régnait et qui imprégnait tout ; et enfin, le poids de nos sacs à dos, car nous avions 48 heures de vivres et notre dotation initiale de munitions ; en outre, dès notre arrivée dans le quartier européen, nous fûmes contraints de récupérer, et donc de porter, les armes abandonnées, ne serait-ce que pour éviter qu'un adversaire ne s'en empare et nous tire dans le dos. - Citation :
- Je me rendis compte de l'importance de cette mission, car les photos des cadavres firent le tour du monde avec comme légende «Horreur à Kolwezi!».
Ma première mission me surprit. Je reçus l'ordre de rechercher un charnier, dans ce même quartier. Alors que j'étais pressé d'en découdre, ne serait-ce que pour «rattraper le retard» sur mes camarades, j'exécutai cet ordre par discipline plus que par conviction personnelle ; et comme je ne pourrais reprendre la progression de ma compagnie qu'une fois le charnier découvert, la section a redoublé d'efforts, pour finir par découvrir une trentaine de cadavres amoncelés dans une maison. Je me rendis compte de l'importance de cette mission, car les photos des cadavres firent le tour du monde avec comme légende «Horreur à Kolwezi!». Ce témoignage implacable conduisit à décrédibiliser les Katangais aux yeux de l'opinion publique et à conforter la nécessité de l'intervention militaire française. Dans l'après-midi, je perdis mon adjoint, le sergent-chef Norbert Daniel, sous-officier intelligent et exemplaire. Chargé de regrouper les armes récupérées dans un véhicule abandonné, il suivait notre progression mais dut s'en écarter, car nous cheminions sur une voie ferrée vers une gare que nous devions reconnaître, Metal-Shaba ; comme il conduisait, il ne reçut pas à la radio les consignes données et tomba nez à nez avec l'adversaire. Nous n'avons pu le récupérer qu'une heure plus tard, une balle en plein cœur. Cet accrochage de Metal-Shaba restera sans doute l'un des plus intenses de l'opération, au cours de laquelle mes tireurs d'élite montrèrent leur efficacité, en attendant l'assaut de la 2e compagnie. - Citation :
- Les ordres donnés, que les légionnaires vont exécuter sans mot dire et au péril de leur vie, vous confèrent à la fois une puisance, une efficacité, mais aussi une responsabilité immenses
Les jours suivants virent le contrôle des cités Manika, Kapita, Luilu, à l'ouest de la ville. Ces opérations en zone urbaine sont toujours complexes, car elles sont menées au milieu de la population civile, qui reste pour tous un enjeu, pour nous une menace potentielle et pour notre ennemi, un moyen de se camoufler, voire un bouclier humain. Ces opérations se sont déroulées efficacement et en souplesse, car elles n'étaient que l'adaptation de gestes et de techniques répétés des centaines de fois à l'instruction. Le souvenir principal, resté gravé dans ma mémoire, sera certainement lié à la puissance de la structure militaire: les ordres donnés, que les légionnaires vont exécuter sans mot dire et au péril de leur vie, vous confèrent à la fois une puissance, une efficacité, mais aussi une responsabilité immenses. La puissance du commandement exige de tout chef de la force de caractère, mais surtout du discernement. C'est une constance qui dépasse le temps et les générations et qui a d'ailleurs fait la devise du 2e REP, More Majorum («À la manière de nos anciens»). Je me souviendrai également longtemps du regard des légionnaires dans l'avion qui nous conduisait au saut. Il en disait long sur la confiance réciproque qui nous animait, sur la fierté de partir enfin en opérations, et de la plus belle manière qui soit, par un saut opérationnel, et sur notre fraternité d'armes, que traduisait si bien l'un de nos chants de tradition: «Là-bas, les ennemis t'attendent! Sois fier! Nous allons au combat!» Cet article est réservé aux abonnés. 85% reste à lire. J'ai validé mon inscription...! Je me connecte Abonnez-vous pour 1€ seulement
Dernière édition par Claude Millet le Dim 20 Mai 2018 - 11:55, édité 1 fois | |
| | | jacky alaux Expert
| Sujet: Re: Bruno Dary : «Souvenir de Kolwezi» Sam 19 Mai 2018 - 23:15 | |
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Dommage, J'espérais lire la suite sur CMP.
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| | | claude millet Fondateur
| Sujet: Re: Bruno Dary : «Souvenir de Kolwezi» Dim 20 Mai 2018 - 12:00 | |
| Jacky...J'ai validé mon inscription et voilà tous nos amis parachutistes pourront lire la suite! | |
| | | battement zéro Pro !
| Sujet: Re: Bruno Dary : «Souvenir de Kolwezi» Dim 20 Mai 2018 - 12:08 | |
| Belle caricature _________________
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