C.160H Transall ASTARTEAvion
Station
Relais de
Transmissions
Exceptionnelles
Produit à quatre exemplaires, le Transall ASTARTE était véritablement un "avion spécial" à la mission très particulière.
Dans les années 80, un des piliers de la dissuasion française était constitué par la Force Océanique Stratégique (FOST) et ses Sous-marins Nucléaires Lanceurs d'Engins (SNLE). La mission de ces derniers était (et reste aujourd'hui) de "disparaître" pour des patrouilles de trois mois. Ils étaient en mesure de lancer à tout moment les 16 missiles Mer-Sol Balistiques Stratégiques (MSBS) à têtes nucléaires.
Une discrétion absolue est la principale défense d'un tel engin. Mais cette discrétion constitue aussi un formidable obstacle au maintien de la liaison avec le Commandement, en particulier lorsqu'il s'agit, pour celui-ci, de modifier ou de compléter les ordres d'opérations du sous-marin.
Il était aussi essentiel de pouvoir assurer une liaison "en live" dans le cas où l'ordre d'ouverture du "feu nucléaire" aurait-été donné.
Pas question pour le sous-marin de remonter en surface à intervalles réguliers, ni de déployer une antenne en surface, l'une ou l'autre de ces manœuvres aurait rendu possible la localisation et donc sa destruction préventive en cas de conflit.
Une des solutions possibles à l'époque était d'utiliser un système de transmission à très basse fréquence (VLF Very Low Frequency), permettant la pénétration des ondes radio dans l'eau. Cette solution imposait l'emploi d'un relais aérien pour que les ondes frappent la surface de la mer sous un angle adéquat.
Le développement "ab-initio" d'un tel système pour les seuls besoins français aurait été long et excessivement coûteux. Il fut donc décidé d'en faire l'acquisition "sur étagère" auprès des Etats-Unis qui disposaient du système "Tacamo", mis en œuvre depuis des EC-130Q "Hercules", dont la relève a été assurée depuis par des E-6 "Mercury".
Quatre systèmes complets furent achetés et avionnés sur des Transall Nouvelle Génération, ravitaillables en vol.
Le système se caractérise par l'emploi de deux antennes filaires remorquées par l'avion qui orbite autour d'un point.
L'une des antennes, longue de 8.000 mètres, décrit une hélicoïde sous l'avion ; l'autre longue seulement de 300 mètres forme un dipôle avec la première.
Ces deux antennes, constituées d'un fil de cuivre de 4 mm de diamètre, sont enroulées sur des treuils logés dans la soute du Transall.
Lorsque les antennes sont déployées, un pilote automatique très performant assure la parfaite adéquation entre la trajectoire de l'avion et les conditions météorologiques pour assure une efficience maximale au dipôle.
Le premier C.160H effectue son premier vol le 27 février 1985, avant d'être transféré aux Etats-Unis pour y recevoir ses équipements spécifiques.
Le 8 avril 1986 il décolle pour la première fois entièrement équipé de Love Field (Dallas).
Les C.160H Astarte sont à l'origine mis en œuvre par l'Escadron Avion 00.059 "Astarté", unité organique du COTAM, mis à disposition des F.A.S. pour emploi.
En 1992 l'E.A. 00.059 devient Groupe Aérien 00.059 et passe sous commandement organique des FAS.
La Force Aérienne de Projection, délégataire de la "conduite" des avions, met alors sur pied l'Escadron Avions 01.059 "Bigorre", la Marine Nationale, fournissant les équipages techniques regroupés au sein de l'Escadrille Marine du Groupe Aérien.
Le Groupe Aérien 00.059 "Astarté" a été dissous le 3 juillet 2001, après 26.500 heures de vol et 850 émissions au profit des SNLE.
La remise au standard "cargo" de ces avions aurait été très lourde, ils ont donc été arrêtés de vol et servent de magasins de pièces au profit des Transall de la FAP.
La mission de transmission vers les SNLE a été reprise par le système de transmissions de dernier recours (SYDEREC).