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15 mai 2020
SOUVENIRS DES JOURNEES DU PUTSCH PAR NOS ADHERENTS - I - Louise de Blida
Plusieurs des membres du Cercle d’Aix ont adressé leurs souvenirs des journées du Putsch d’avril 1961 à Alger.
Ce sont des souvenirs de jeunes ou très jeunes gens sur qui le temps a passé mais l’émotion, partagée, reste palpable 59 ans après.
Aujourd’hui, c’est le témoignage de LOUISE de BLIDA, tel qu'elle nous l'a adressé avec toute la passion et les douleurs qu'il évoque.
" J’habitais BLIDA. J’étais jeune mariée depuis un an avec un militaire de carrière, vosgien, muté en 1958 sur la base aérienne de BLIDA, naviguant sur Nord 2501 appelé également Noratlas.
Certains militaires venus de la Métropole ont apprécié les Pieds-noirs. Pour beaucoup ils étaient reçus dans les familles, partageaient l’ambiance conviviale. Parfois l’un d’entre eux épousait une fille PN, ce fut mon cas. S’en suivait toute une bande de militaires qui nous étaient présentés. Des nouveaux copains qui rivalisaient parfois avec les amis de chez nous.
Ces militaires intégrés à l’ambiance des Français d’Algérie, également témoins des évènements, se sont ralliés à notre cause pour maintenir l’Algérie Française.
Le matin du 22 Avril 1961 quatre généraux reprenaient le pouvoir. Notre Pays n’était plus aux mains des traitres, de De Gaulle. Ces grands généraux, imposants, refusaient d’obéir. Enorme surprise et à nouveau Espoir.
Le matin à l’entrée de la base aérienne 140 de Blida, les militaires arrivant pour prendre leur service, étaient questionnés un par un. La question : CHALLE ou DE GAULLE. S’en suivait la file de gauche ou de droite suivant la réponse.
Mon mari avait été hospitalisé quelques jours auparavant à l’hôpital militaire Ducros pour subir une intervention chirurgicale. Il s’y trouvait encore le 21 Avril.
Nous étions à nouveau dans la rue pour clamer notre joie avec les voisins, les passants. On se congratulait scandant ALGERIE FRANCAISE.
Hélas le 23 au soir, l’apparition hautaine de De Gaulle humiliant envers ce qu’il appela un "quarteron de généraux " nous plongea à nouveau dans le chaos.
Les aviateurs qui avaient opté pour Challe ont été divisés en plusieurs groupes.
Ceux PN, furent aussitôt transférés, nous ne savions où.
Mon mari culpabilisant de ne pas être présent le jour du putsch demanda à sortir plus tôt de l’hôpital, Ce qui lui fut accepté. Son entrée sur la BA lui étant possible, Il put ainsi recueillir des informations sur les lieux supposés de détention. Cela permit de découvrir qu’ils étaient parqués dans un camp disciplinaire à Oued Smar.
Nous nous sommes mis aussitôt à la disposition des familles, des épouses des militaires prisonniers.
Ils y restèrent quelques jours avant d’être mutés d’office en France.
Les militaires métropolitains mariés avec des filles PN, c’était mon cas, furent informés d’un ordre de mutation pour la France. Une année s’écoula, le temps de connaître l’affectation qui fut Clermont-Ferrand pour nous. Notre départ sur le bateau "El Djezaïr" fut fixé le 13 Mai 1962.
Ma fille est née le 1er Janvier à Blida.
Notre départ, abandonnant mes parents que je n’avais jamais quittés, fut une déchirure incommensurable. Ma maison, ma ville, mes amis, mon pays à jamais perdus.
Le putsch des Généraux le 21 Avril 1961 représente pour moi l’honneur de ces hommes qui ont combattu avec bravoure pour la France tout au long de leur prodigieuse carrière militaire. Ils ont eu le courage de désavouer De Gaulle afin de défendre le drapeau Français sur cette terre, département français. Victoire d’une guerre, s’il en était une, qu’on leur a volée. "