Les Rafale vont faire un « Poker » au-dessus de nos têtes mardi soir
L’armée de l’Air et de l’Espace organise quatre fois par an une attaque simulée contre un objectif ennemi qu’elle doit détruire par une frappe nucléaire. Rendez-vous ce mardi soir 15 septembre 2020 pour une nouvelle partie !
Poker ? Jusqu’en 2014, le nom était un peu tabou dans l’armée de l’Air française. Mais tout le monde savait que
Poker était le nom d’un raid aérien nucléaire mené au-dessus du territoire national et dont les phases principales étaient le ravitaillement en vol d’une vague d’assaut, la pénétration à basse altitude par des chasseurs bombardiers et le tir fictif mais restitué d’un missile dépourvu de charge nucléaire.
En janvier 2014, un petit groupe de journalistes, dont un envoyé spécial d’
Ouest-France, avait pu assister aux préparatifs et à la conduite d’un
Poker .
« C’est une mission classique, expliquait alors le général Patrick Charaix, le commandant des Forces aériennes stratégiques chargées du volet aérien de la dissuasion nucléaire français.
Un suivi de terrain à très basse altitude et très grande vitesse pour traverser les systèmes de défense. »Rien de comparable avec ce que font les Américains :
« Eux ont choisi le raid à haute altitude, avec des appareils furtifs et un déploiement massif d’avions de guerre électronique. Moins discret… Ce soir, le raid comporte une quinzaine d’avions ; mais Poker, ça peut aussi être des missions avec 50 appareils si l’on inclut ceux qui jouent le rôle des défenseurs !
Depuis 2014, l’armée de l’Air et de l’Espace communique plus facilement sur ces frappes simulées dont le déroulement a peu évolué.
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[*]Un Rafale et son missile nucléaire sous le ventre. | ARMÉE DE L’AIR
[*]Ce mardi 15 septembre, comme l’a signalé le quotidien
L’Opinion et comme l’a confirmé le ministère des Armées, en début de nuit, un
Poker aura lieu au-dessus de la France.
Rafale,
Awacs E3-F de guet aérien, ravitailleurs en vol : les joueurs de
Poker seront tous au rendez-vous.
Les avions vont converger vers Brest
Une fois encore, sur ordre de la présidence de la République ou du chef d’état-major des armées, les FAS mettront en alerte leurs avions sur des bases aériennes dont Avord (qui abrite le poste de commandement de la zone d’alerte nucléaire d’où se conduit l’exercice), Istres, Saint-Dizier, Mont-de-Marsan…
Une fois cette phase de montée en puissance réalisée, les avions décolleront pour converger vers Brest où sont basés les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de l’île Longue, composante navale de la dissuasion .
Chasseurs et avions de soutien se rassembleront au large de la pointe bretonne. L’armada traversera ensuite le golfe de Gascogne, transitera au niveau de Biarritz en direction de la Corse, avant de virer à gauche et de se diriger vers leur cible au nord du Massif central. Mais gare à la défense antiaérienne dont les radars flairent le ciel et dont la chasse va traquer les assaillants.
Poker, Banco, Marathon
Poker n’est pas le seul exercice majeur qui met en œuvre les FAS. Il y a aussi
Banco qui concerne la phase d’alerte et de montée en puissance, sans raid simulé. Et
Marathon et
Minotaure, des raids nucléaires lointains vers Djibouti, les Émirats Arabes Unis…
Des vols éprouvants et exigeants qui réclament des équipages hors pair. Maisbien malin celui qui se dirait infaillible pour préparer un équipage à une frappe nucléaire, précisait en 2014 le lieutenant-colonel Raphaël.
Les pilotes d’alors et ceux d’aujourd’hui, rigoureux et droits, savent parfaitement que leur action éventuelle, en cas de décision du Président de recourir à l’arme atomique, ne serait pas anodine ».
En cas de crise et de menace directe contre la France, ce serait aux
Rafale de conduire la frappe « d’avertissement ». Une frappe qui n’en reste pas moins, selon Jean-Marie Colin, auteur du livre
Arrêtez la Bombe et directeur France de l’organisation Parlementaires pour la non-prolifération nucléaire et le désarmement, une frappe d’anéantissement ».