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CHEMIN DE MEMOIRE DES PARACHUTISTES
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CHEMIN DE MEMOIRE DES PARACHUTISTES
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« ... Le devoir de mémoire incombe à chacun...rendre inoubliable. Ceux qui sont morts pour que nous vivions ont des droits inaliénables. Laisser la mémoire se transformer en histoire est insuffisant. Le devoir de mémoire permet de devenir un témoin... »
Parcours d’André Boucher durant la seconde guerre mondiale
Papy s’engage à Marseille le 12/02/1941 à l’âge de 19 ans alors qu’il est encore mineur (majorité à 21 ans à l’époque) muni d’une autorisation de sa maman mais dont on n’a pas la certitude qu’elle l’a vraiment signé ! Il est incorporé au 4eme régiment de Spahis Marocains et embarque à Marseille le 14/02/1941 pour Casablanca ou il arrivera le 23/02/1941. Pendant cette période, il est affecté dans un douar ou il est responsable d’une équipe de goumiers (soldats Marocains). Il montera à cette occasion des chevaux de Barbes (race de chevaux du Maghreb) et gardera un souvenir mitigé pour deux d’entre eux. L’un car il l’a envoyé valser sur un figuier de barbarie, ce qui lui occasionna de nombreuses piqures. L’autre car il le désarçonna alors qu’il défilait avec les Spahis dans les rues d’Alger. Il sera présent aux effectifs du 4eme régiment de Spahis jusqu’au 1/04/1943 date à laquelle changera de nom pour devenir le 4eme régiment de reconnaissance Marocain. En mars 1943, Papy quitte son régiment brutalement car il apprend que l’armée de l’air recrute ses futurs parachutistes. Il part pour Fez, ou il sera affecté au dépôt école du 1er RCP. La formation para dispensée par la 82nd Airborne (celle qui a sauté sur Ste Mère l’église lors du débarquement) va commencer. Lors d’un saut d’entrainement avec tout son paquetage, il sera poussé par le vent vers la mer et finira dans l’eau ou il coulera entrainé par le poids de son matériel. Coulant dans environ 3 mètres d’eau, Il choisira par hasard une direction pour retrouver la plage et fort heureusement ce fut la bonne ! Il sera également formé durant cette période au close combat ce qui pourrait expliquer que papy était difficilement impressionnable et proposait souvent aux Américains « You want boxing ? » ! Le 16 juin 1943, il sera breveté parachutiste en sautant du fameux C47 DAKOTA et portera le n° de brevet 1395. Durant cette période, de nombreux hommes évadés de France arrivent au Maroc pour être formés et ainsi compléter le régiment avant d’aller au combat. Il est possible qu’au regard de son expérience militaire, Papy est participé à la formation de ces jeunes recrues car il part vers l’Italie un peu plus tard que les autres membres de régiment. Il s’en suit une longue période d’attente durant laquelle le régiment ne sera pas déployé lors des combats sur l’ile d’Elbe en juin 44 et ne participera pas à l’opération Dragoon (débarquement en Provence le 15/08/1944). Le 21/08/44, il embarque à Alger pour l’Italie et arrivera à Naples le 29/08, il rejoint ensuite le 1er RCP à Rome le 1er septembre ou son régiment sera béni par le pape PI XII. Le 9 septembre, un fort mouvement sur le France est décidé par avion et le 1er RCP retrouve le sol Français à Valence dans la Drome, cela fait 3 ans et demi que Papy n’a pas foulé la terre de son pays. Il sera affecté à la 10eme compagnie du lieutenant Raynaud, un ancien Légionnaire pour qui Papy avait un immense respect. (Le fanion de la 10eme porte d’ailleurs la grenade, emblème de la légion en rappelle à l’appartenance de son chef à ce régiment d’élite. A la mi-septembre, une opération aéroportée sur l’Alsace est à nouveau annulée et il est décidé par le Général de Lattre de Tassigny que le régiment sera engagé comme un régiment d’infanterie Le 27/09 le 1er RCP mouvemente sur la zone d’opération et le 2/10 le régiment arrive à Rupt en Moselle et commence la campagne de Vosges. Le régiment à pour mission d’ouvrir la voie à la 1ere DB en prenant les cols Vosgiens qui permettront d’ouvrir la voie vers l’alsace puis l’Allemagne. Le 3 octobre, le décrochage prématuré des américains oblige le 1er RCP à intervenir et les premiers combats violents ont lieu contre les redoutables Waffen SS. A cette occasion, les troupes Américaines effectuent des tirs d’artillerie intense qui feront des victimes dans les rangs Français, ce qui n’améliorera pas ses sentiments envers les Américains. Pendant que la section de reconnaissance fixe l’ennemi, le 2eme bataillon dont la compagnie de Papy fait partie s’engage dans la forêt du Gehant en direction de la fôret de Longuegoutte. Le 4 octobre, le 1er RCP poursuit sa progression en direction du col de Morbieu mais la 4eme compagnie qui éclaire le régiment est repéré trop tôt et de violents combats éclates faisant de nombreuses victimes. Le 5 octobre, le Colonel Geille et le commandant Faure, devant les pertes importantes des attaques frontales, proposent de s’infiltrer de nuit dans le plus grand des silences au milieu des lignes ennemis en pleine obscurité en rang serré avec pour ordre d’éviter tous contact avec l’ennemis très proches. Ils atteignent à l’aube le col de Morbieu et la 10eme compagnie de Papy se lance à l’attaque des positions Allemandes s’emparant d’une batterie composé de deux canons de 150mm en faisant de nombreux prisonniers. Avant cet assaut, Papy restera plusieurs heures avec sa mitrailleuse sur son épaule, sans faire un bruit caché derrière un arbre car ils étaient particulièrement proche de l’ennemi. La citation de Papy provient en parti de ce fait d’armes avec ses compagnons de la 10. Le 2eme bataillon s’infiltre dans les lignes ennemis et sera le seul engagé avec le 1ere DB à avoir pénétré le secteur défensif Allemand. Le 6 octobre, les Allemands lancent de nombreuses contre-attaques mais elles seront toutes repoussés par les parachutistes. Dans la matinée, les pathfinders (éclaireurs chez les paras) descendent pour une reconnaissance dans le village du Menil mais sont pris à parti par les Allemands et le Capitaine Dubouchet est grièvement blessé par un tireur d’élite qui a pris position dans le cloché de l’église. La 1ere et la 10eme compagnie sont appelés en renfort pour dégager les pathfinders et devant leur supériorité les Allemands préfèrent quitter le village et sont arrosés durant leur retraite par les hommes de la 4eme compagnie. Papy sera blessé ce jour-là à la cuisse par le tireur embusqué dans le clocher comme d’autres paras et c’est Chomarat (dont il semblait proche car il sera présent à son mariage, il sera même le cavalier de notre tante Gabrielle) qui montera à la corde de l’église pour le tuer à l’arme blanche. Les Allemands contre attaquerons ensuite et reprendrons le village et il semblerait que Papy ait été soigné et caché dans une cave par une famille habitant le village. Papy, Mamie et les Christol retournerons des années plus tard dans le village du Menil et rencontrerons la famille qui avait soigné Papy. Les propriétaires avaient encore l’échelle sur laquelle il l’avait transporté pour le mettre à l’abri et le soigner dans leur cave. Le muselet de la bouteille de champagne présent dans son portefeuille provient d’ailleurs de là. Le régiment du fait de son isolement lancera des actions commandos jusqu’au 9 octobre date à laquelle le 3eme régiment de tirailleurs Algériens, les ambulancières et le ravitaillement arriveront enfin. Les conditions dans les Vosges seront épouvantables, l’équipement n’était pas suffisamment adapté à l’hiver très rigoureux, l’approvisionnement tardera à arriver et la proximité avec les ennemis les empêchera de faire du feu pour se réchauffer. Ils seront obligés de manger la viande crue des chevaux morts lors de la prise de la batterie quelques jours plus tôt. Les combats feront rages jusqu’au 21 octobre 1944 date à laquelle le régiment reçoit ordre de se replier sur Travexin puis est mis au repos à Lons le Saunier. Papy rencontrera Mamie durant cette période car lui et ses camarades allaient manger au restaurant de Mémé Marguerite, au Relais des trois Bornes place Perraud. Mémé Marguerite préparait des steaks frites et de nombreux soldat venait déjeuner chez elle. Un jour alors que papy attendait avec ses compagnons pour déjeuner, il manifesta son impatience auprès d’une jolie jeune femme rousse aux yeux verts et se fit vigoureusement renvoyer dans ses 22 mètres, ce fut sans doute le coup de foudre ! Durant la bataille des Vosges, le régiment comptera 128 tués, 339 blessés et 380 hommes souffrants de profondes gelures ou de complications bronco pulmonaires soit près de 40% de son effectif hors de combattre. Le régiment sera reconstitué ensuite avec des FFI du bataillon Hemon qui se s’étaient illustrés lors de la libération de Paris. Le 1er RCP combattra ensuite en Alsace du 8 décembre au 3 février 1945 notamment à Jebsheim ou le régiment paiera un très lourd tribut. Le 24 janvier 1945, après 3 mois de convalescence, Papy quitte le dépôt du 1er RCP à Lons le Saunier puis rejoint ses camarades le 5/02/1945 pour défiler avec eux dans les rue de Colmar libéré le 8 février. Durant ces 4 mois, le 1er RCP perdra l’équivalent de son effectif soit 1156 morts et blessés, il recevra une seconde citation à l’ordre de l’armée mais le régiment n’est malheureusement plus en mesure de combattre à partir de cette date. Le lieutenant Raynaud et Chomarat feront partis des nombreux blessés de la campagne d’Alsace. Papy sera nommé Caporal-chef pour faits de guerre exceptionnels le 1 novembre 1944 et cité à l’ordre de l’armée le 21 décembre 1944. Sa citation comporte l’attribution de la croix de guerre avec étoile de vermeil. Il se mariera avec Mamie le 17 mars 1945 à Lons le Saulnier, on distingue d’ailleurs 4 de ses frères d’armes sur la photo de mariage dont le fameux Chomarat avec son pansement sur l’oeil. Il rejoindra ensuite le camp d’Avord le 17/04 puis retournera 1 mois à l’hôpital de Bourges à la suite de complication suite à sa blessure. Du 25/08/1945 au 3/12/1945, il est noté une interruption de service car il est mis aux arrêts car considéré comme déserteur. En effet, il aurait quitté les Spahis avec un ami pour rejoindre le 1er RCP et aurait frappé un autre soldat qui voulait les empêcher de partir (les courriers de soutien du Lieutenant Raynaud date de cette période). Papy gardera beaucoup de rancœur envers l’armée Française suite à cet épisode et c’est sans doute pour cela qu’il a gardé très peu de souvenirs de cette époque et qu’il n’a jamais demandé ni sa citation ni sa médaille. Tu seras rendu à la vie civile le 22/12/1945, quelques jours avant la naissance de papa. Tu aurais eu 100 ans cette année Papy et tu vois, je pense toujours à toi ! J’ai pris une quinzaine d’année à retracer ton parcours en me documentant et en échangeant même avec des anciens du 1er RCP qui nous ont quittés malheureusement depuis. La tache n’a pas été simple car tu faisais preuve d’une grande pudeur à évoqué ce sujet et lorsque j’ai commencé à m’intéresser à ton parcours, cette fichue maladie gommait tes souvenirs ! Ce récit a pour but d’honorer ta mémoire, de faire connaitre ton parcours à tes arrière-petits-enfants et te remercier du fond du cœur ainsi que tous les femmes et hommes de ta génération pour les sacrifices que vous avez fait durant cette période sombre de notre histoire. François-Charles
le 6, charly, rapace vosgien et puma aiment ce message
Voila bien un vrai " CHEMIN DE MEMOIRE " concernant " Papy " , ET qui ne manque pas d'intérêt !
Après lecture, force est de constater que pour certains , la ligne de vie est toute droite ... Et pour d'autres , c'est des "zigs " et des "zags "...
Ce qui amène à penser, que selon que nous soyons bien ou mal né, la destinée peut être coquine, et non le fruit du hasard !
"" J’ai pris une quinzaine d’année à retracer ton parcours "" : merci pour ton travail de recherche .
charly aime ce message
raichlen enregistré
Sujet: Re: Parcours d'André Boucher brevet 1395, campagne des Vosges Mar 6 Déc 2022 - 21:42
Merci de ce témoignage ! En écho, je vous propose de lire le récit de mon oncle Philippe Raichlen, PathFinder au 1’ RCP dans le blog que je lui ai consacré https://philipperaichlen.wordpress.com/combats-1944-45/campagne-des-vosges/
(En particulier les journées des 4 au 6 octobre)
FOUQUET66 et charly aiment ce message
charly enregistré
Sujet: Re: Parcours d'André Boucher brevet 1395, campagne des Vosges Mar 6 Déc 2022 - 22:33
On me l'a conseillé justement, je suis en train de le lire attentivement. Son histoire est incroyable, quelle tristesse qu'elle finisse si tragiquement. Bravo à vous pour ce superbe travail qui honore sa mémoire ainsi que celle de ses compagnons.
le 6 Expert
Sujet: Re: Parcours d'André Boucher brevet 1395, campagne des Vosges Mer 7 Déc 2022 - 10:25
Cette guerre " au ras des pâquerettes " à généré les Héros d'autrefois, ( nous convient à leur foi etc ... )
La guerre n'est pas belle, le 1° RCP a bien mérité les honneurs qui lui sont du !
Merci Raichlen pour ce témoignage et respect à la mémoire de ton oncle Philippe , merci Charly !
Parcours d'André Boucher brevet 1395, campagne des Vosges
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