(Publiée sur Atlantico.fr le 11/11/23)
Le comparatif est vertigineux. Le 11 novembre, la France comme le Royaume Uni honorent le souvenir de leurs morts pour la
patrie durant la première guerre mondiale. Mais l'organisme britannique, Royal British Legion, collecte, via la vente de millions
de coquelicots destinés à perpétuer le souvenir des combattants tombés pour défendre leur pays face à, faut-il le rappeler,
une coalition de dictatures, CINQUANTE fois plus de fonds que son équivalent français, Bleuet de France.
Tout le monde au Royaume Uni sait à quoi fait référence le "poppy" de novembre au revers de nombreux vestons et chemises.
En France qui arbore cette petite fleur bleue en tissu, ou en connaît même la signification ?
Est-ce à dire que les Britanniques sont cinquante fois plus patriotes que les Français ? Certainement pas dans de telles propor-
tions, mais cette anecdote marque un déficit clair de "connexion" avec nos ancêtres tombés au combat. Comme si chez nous
parler de patrie était honteux. Un déficit qu'il convient d'urgence de combler au vu des menaces actuelles. Menaces géopoliti-
ques, bien sûr, illustrées par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le risque d'embrasement du Proche Orient suite au conflit
entre Israël et le Hamas, en attendant peut-être l'attaque de la Chine sur Taïwan soutenu par notre allié américain. Menaces
intérieures, aussi, avec notamment les attentats djihadistes dont le plus terrible a eu lieu au Bataclan il y huit ans, peu de
jours après ce 11 novembre que nous commémorons.
A quoi semble s'ajouter un délitement de l'engagement politique, illustré par la dictature du scepticisme goguenard et de
"l'àquoibonisme", ainsi que les taux d'abstention aux élections, face à la montée en puissance du communautarisme, du
moralisme ou du relativisme historique. A l'effondrement des totalitarismes au XXème siècle, semble s'être substitué le
désenchantement démocratique, l'apathie politique et "la décoloration progressive des drapeaux, des saisons et des
amours", comme le résumait déjà il y a treize ans Hervé Gaymard dans "Nation et Engagement".
Face à cela, le patriotisme, à ne pas confondre avec un nationalisme agressif ou expansionniste, constitue le bouclier
incontournable de nos droits et libertés et le ciment de notre cohésion et de notre prospérité. Qui d'autre en effet, quel
autre cadre pour que s'épanouissent nos valeurs et notre style de vie ? Un territoire et une Histoire où certaines lois
et coutumes sont en vigueur et pas ailleurs, en clair un pays. Un endroit où nos enfants pourront être heureux et dont
nos ancêtres seraient fiers. Non, le patriotisme est tout sauf ringard.
Pour cela, un véritable réarmement psychologique, moral, institutionnel mais aussi, cela va de soi, militaire s'impose
aujourd'hui. Il y a urgence à ce que tous les Français, quel que soit leur âge, leurs origines, leur milieu social, leur religion,
leurs opinions, comprennent l'importance de la Défense, cette valeur fondamentale pour assurer notre sécurité, notre liberté,
nos droits et notre niveau de vie. Urgence à proclamer que le politique ne peut être subordonné à l'économie ou au social,
sans méconnaître pour autant l'importance de ces dernières.
Urgence à ce que tous, nos élus en tête, redonnent aux mots France et patrie la place qui est la leur. Nous avons tous
le devoir de protéger notre pays et nos concitoyens par-delà les clivages politiques, y compris avec le renfort de ceux
qui ricanent habituellement devant un uniforme, ou en écoutant la Marseillaise car l'heure est trop grave. Cette défense
ne se limite évidemment pas aux forces armées professionnelles mais implique aussi la société civile, à tous les niveaux.
Une responsabilité partagée par tous les citoyens qui ont chacun à leur niveau un rôle à jouer dans la préservation de
notre sécurité commune et de notre style de vie.
Promouvoir l'esprit de défense c'est avant tout développer une conscience de nos valeurs et de notre Histoire qui les a façonnées.
En la cultivant, nous nous assurons que notre pays reste fort, uni et en paix. Soyons en fiers de notre histoire, soyons fiers de
transmettre.
L'esprit de défense est au cœur de notre identité nationale. Il s'agit de cultiver un sentiment d'appartenance ou au moins
d'implication dans notre nation, se souvenir des sacrifices de nos ancêtres qui se sont battus pour notre patrie et son
indépendance. Reconnaitre que nos droits que nous chérissons aujourd'hui ont été acquis par leur bravoure. Être fier
aussi de ce pays, sans nier ses erreurs ou ses pages plus sombres, qui a su porter haut dans le monde les Droits de l'
Homme et les valeurs d'émancipation. Être prêt, enfin, à ou soutenir nos forces armées, services de sécurité et
institutions en temps de crise, être conscient des défis, en leur fournissant les ressources nécessaires, s'engager
dans une éducation civique solide qui enseigne aux jeunes l'importance de leur pays et de ses valeurs sans lesquelles
ils ne pourraient certainement pas profiter de la vie comme ils l'entendent.
Nous devons lancer la contre-offensive en proclamant haut et fort la mobilisation nationale autour des thèmes
de « Esprit de défense » et «d’Engagement». L’ASAF, tout comme les autres associations patriotiques françaises,
répondra à cet appel en mobilisant ses adhérents et amis afin d’enrayer la dérive délétère qui mine aujourd’hui notre pays.
Ses convictions ? L'esprit de défense passe par un engagement en faveur de quelque chose de plus grand que soi,
à être présent pour les autres, à les soutenir quand c'est nécessaire. Avec détermination, loyauté envers nos promesses
et responsabilités et volonté de donner le meilleur de soi- même, d'apporter sa contribution et de faire une réelle différence.
Associations civiles et militaires, issues des milieux de la défense comme de la société civile, unissons nos forces pour défendre,
par-delà nos différences normales, ce qui nous avons en commun, l'amour de la France et de sa belle devise, liberté, égalité, fraternité.
La rédaction de l'ASAF