Evénement. Hervé Morin : «Je n'oublierai jamais le drame d'Uzbin»Le ministre de la Défense est à Castres aujourd'hui pour la dissolution du bataillon qui était en Afghanistan.Hervé Morin est allé à plusieurs reprises en Afghanistan soutenir les soldats du «8».
Cet après-midi, le 8e RPIMa sera à l'honneur. Une prise d'armes marquant la fin de mission en Afghanistan et la dissolution du bataillon, durement touché par la mort de 8 soldats castrais dans une embuscade des talibans le 18 août dernier, aura lieu à 14h sur la place Jean-Jaurès.
Une remise de médailles puis un défilé dans les rues de Castres sont également prévus. A noter d'ailleurs qu'il sera très compliqué d'accèder en voiture au centre-ville de 12h à 16h, l'Ecusson sera bouclé. Et pour cette occasion, le ministre de la Défense Hervé Morin sera présent. Le ministre nous a accordé un entretien.
Pourquoi avez-vous tenu à être présent pour cette cérémonie ?
Je viens partager l'hommage rendu par Castres à ses paras. Dans la vie d'un homme politique, il y a des moments qui restent à jamais gravés dans votre mémoire. Uzbin en fait partie: le drame de la mort au combat de dix soldats Français et les moments partagés avec leurs familles et avec leurs camarades m'ont profondément marqués. Il y a des regards, des émotions, des paroles échangées que je n'oublirai jamais, notamment quand je suis retourné en Afghanistan avec les familles. Je n'oublierai jamais le discours de ce père au pied du monument à Kaboul exprimant combien il était fier de son fils qu'il venait de perdre.
Quelle analyse tirez-vous de ce drame ?
Les Talibans qui menaient des embuscades de circonstance, ont démontré leur capacité à mener de véritables opérations militaires.
Nous avons tiré toutes les conséquences de cette évolution. Les Français ont aussi pris conscience que le risque zéro n'existe pas dans les opérations de combat.
Pensez-vous que ce drame a changé le regard des Français vis-à-vis de ce conflit et de l'armée en général ?
Oui. Les Français ont redécouvert en Afghanistan la réalité de ce qu'est une opération extérieure. Je veux rappeler que depuis 2001 les Britanniques ont perdu 120 militaires et les Américains 500. La liberté et la sécurité n'ont pas de prix, mais elles ont un coût. Les soldats du 8e RPIMa ont fait le sacrifice de leur vie pour défendre la liberté et notre sécurité. C'est ce type de mission qui donne tout son sens à leur engagement.
Comment jugez-vous la mission du régiment castrais en Afghanistan ?
Les paras du 8, comme ils le chantent dans l'hymne de leur régiment, «ont été dignes de leurs anciens». Ils ont montré leur capacité à s'adapter et à réagir. Grâce à leur engagement la paix et la sécurité progressent dans les vallées dont ils avaient la charge. Cette sécurité est la condition indispensable pour reconstruire les écoles, les routes et les hôpitaux dont les Afghans ont tant besoin. Sous mandat de l'ONU, avec 38 autres pays dont 24 de l'Union européenne, nous transferons progressivement aux Afghans la responsabilité de leur propre souveraineté. La participation des paras du 8 à la formation de l'armée nationale afghane a été déterminante. Cette armée compte aujoud'hui près de 50 000 hommes, et assume désormais la sécurité d'une partie de la région Centre dont Kaboul.
Quel est l'avenir du 8e RPIMa sur Castres ? Est-il possible qu'il évolue ?
Le maintien du régiment n'est pas remis en cause. S'il doit évoluer sur le long terme, cela ne pourra être que dans le bon sens.
Castres va devenir une base de défense. Qu'est-ce que cela signifie ?
La mission première des Armées est d'assurer la sécurité des Français. Nous sommes comptables vis à vis d'eux de chaque euro investi pour leur sécurité. Plus on est dispersé et plus cela coûte cher. La réforme sans précédent du ministère va permettre de dégager 2 milliards d'euros par an au profit de l'équipement de nos forces et de la condition militaire. Le regroupement et la mutualisation au sein de 90 bases de défense des services relevant de l'administration générale et du soutien vont permettre d'atteindre cet objectif. Il s'agit, par exemple, de mettre en commun la gestion des ressources humaines, du logement, de la reconversion... pour toutes les unités existantes dans un périmètre de 30 kilomètres, et ce quelle que soit la couleur de l'uniforme, terre, air ou mer.
Savez-vous si le régiment castrais défilera sur les Champs-Élysées, le 14 juillet prochain ?
Nous travaillons sur ce défilé. Aucune décision n'a encore été prise.
Source DDM