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« ... Le devoir de mémoire incombe à chacun...rendre inoubliable. Ceux qui sont morts pour que nous vivions ont des droits inaliénables. Laisser la mémoire se transformer en histoire est insuffisant. Le devoir de mémoire permet de devenir un témoin... »
 
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 Les Paras de MASSU

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MessageSujet: Les Paras de MASSU   Les Paras de MASSU EmptyVen 23 Jan 2009 - 23:24

ONTRE LE TERRORISME LES PARAS DE MASSU

Les Paras de MASSU Sans_t10

MASSU, je vais vous confier l'ordre dans ce département.

Les Paras de MASSU Numari15

Vous aurez tous les pouvoirs. Avec votre division, vous allez reprendre tout en main.

Telles sont les paroles par lesquelles le ministre résidant Robert Lacoste intronise- le 7 janvier 1957 - le patron de la 10e division de parachutistes dans ses nouvelles fonctions. Massu sourcille bien un peu; c'est une tâche policière que l'on va demander à ses paras, un sale boulot pour lequel ils n'ont pas été préparés. N'importe, c'est un ordre et le général sait obéir.

Dans l'immense agglomération algéroise où vit une population de 635000 âmes, jamais le terrorisme urbain du F.L.N., encouragé par la carence des effectifs de police, ne s'est manifesté avec plus de violence que dans les dernières semaines de 1956. Il n'est pas de jour où ne soit tombé, d'un coup de couteau ou d'une balle assassine, quelque musulman profrançais. Il n'est pas de mois où n'ait explosé une bombe, à la terrasse d'un café ou dans un dancing, déchiquetant ou mutilant d'innocentes victimes. Or, face à la recrudescence du péril, l'appareil judiciaire est d'une dérisoire inefficacité : l'état d'urgence, s'il a donné plus de moyens, n'a pas pour autant modifié une procédure totalement dépassée par les événements.

La peur s'est alors installée à Alger, à telle enseigne que la rentrée scolaire d'octobre n'a pas eu lieu: trop de menaces d'enlèvement pèsent sur les enfants. Le F.L.N. a réussi à ce point à subjuguer la population musulmane que même les « bons » Arabes sont devenus soudain étrangement soupçonneux à l'égard de leurs maîtres. Ils étaient confiants; ils deviennent fuyants. Ils laissaient volontiers un médecin européen soigner leur enfant malade; ils en refusent désormais toute médication, prétendant qu'on veut les empoisonner. Ils auraient suivi autrefois leur patron dans la mort et au-delà; ils n'ont plus qu'une pensée : le tuer pour s'approprier ses biens.

Telle est, en tout cas, la stupéfiante révélation que sa fidèle fatma fait un beau jour à la propriétaire de la villa qu'occupera le général Massu :

- Il paraît qu'on va tuer tous les Européens. Nous aurons leurs maisons et leurs frigidaires. Mais j'ai demandé à te tuer moi-même parce que je ne veux pas que tu souffres. Je ferai cela vite et bien, je te le jure, car je t'aime.

Dans les derniers jours de 1956, une brusque flambée de violence creuse encore le fossé existant entre les deux communautés ethniques : le 28 décembre, en plein centre d'Alger, Amédée Froger est assassiné d'un coup de revolver. Les obsèques du président de l'Inter fédération des maires d'Algérie, figure odieuse à tout musulman épris de promotion sociale, donnent lieu à d'affreuses ratonnades.

Passible de la peine de mort

Tel est le climat dans lequel Massu prend possession du Grand Alger. Mais le général arrive avec bien plus de moyens que n'en eut jamais le commissaire Germain Benhamou, responsable jusque-là du maintien de l'ordre. Des moyens matériels d'abord : là où le policier n'alignait que 1 562 fonctionnaires du corps urbain, le militaire va pouvoir déployer les 4600 soldats de sa lOe D.P. Des moyens légaux ensuite : dans la triple tâche qui lui est impartie, soit l'anéantissement des rebelles, la destruction de leur organisation politico administrative et le revirement de l'opinion publique musulmane, Massu réunit dans ses mains des attributions civiles et militaires qui lui sont notifiées par un arrêté officiel et qui tiennent dans les huit points suivants :

1) Contrôler la circulation des personnes et des biens;

2) Réglementer l'achat, la vente, la distribution, le transport ou la détention de produits, matières premières, animaux;

3) Assigner à résidence, surveillée ou non, toute personne dont l'activité se révèle dangereuse pour la sécurité ou l'ordre public;

4) Instituer des zones où le séjour est réglementé ou interdit;

5) Réglementer les réunions publiques, salles de spectacles, débits de boisson, etc. ;

6) Prescrire la déclaration, ordonner la remise et procéder à la recherche et à l'enlèvement des armes, munitions et explosifs;

7) Ordonner et autoriser des perquisitions à domicile, de jour et de nuit;

8)Fixer les prestations à imposer, à titre de réparation des dommages causés aux biens publics ou privés, à ceux qui auront apporté une aide quelconque à la rébellion

Dans la réalité des faits, cela signifie principalement que tout individu participant aux activités de la rébellion est passible de la peine de mort.



8 janvier: la Casbah investie



A peine installé, Massu est placé un problème un problème dont la résolution est urgente : le 28 janvier - date coïncidant avec l'ouverture d'une nouvelle session des Nations unies – le F.L.N a décidé d’organiser une grève générale ; les commerçants ont reçu l’ordre de maintenir baissé de leur magasin ; les conducteurs d’autobus, les employés des services publics ont pour consignes de rester chez eux. Mais, en bon tacticien, le général attaquera avant d’avoir été provoqué.Son intention première est d’entamer sérieusement le moral des hors-la-loi en donnant un vigoureux coup de pied dans la fourmilière terroriste, c'est-à-dire en pleine Casbah.

Aussi, dès 3 heures du matin, le 8 janvier, est lancée une opération de contrôle de la ville arabe.

Énorme perquisition à laquelle participent les moyens disponibles, avec le concours d'assistantes sociales appelées à aider les services de sécurité dans les maisons où se trouvent des femmes musulmanes, écrit l'auteur de la Vraie Bataille d'Alger, qui ajoute : Nous n'avons que peu de renseignements, mais nos méthodes comprennent un bouclage absolu et le travail d'équipes spéciales ...

Projecteurs, torches, échelles et matériels divers sont mis en œuvre. L'opération ne prend fin que le 8 vers midi, après avoir permis d'appréhender trois cents suspects parmi lesquels on a retenu cinq tueurs du F.L.N recherchés par la police. On a saisi une trentaine de fusils et de pistolets. On a surpris la réunion d’une quarantaine de jeunes gens venus de plusieurs régions d'Algérie.

Pour contrarier la fuite des fourmis terroristes et les piéger, je fais isoler les quartiers arabes (barbelés et patrouilles) et appliquer un nouveau plan de circulation. La très grande majorité des rues seront à sens unique. Des voitures radio seront placées à tous les carrefours.

Il s'agit aussi de recenser les musulmans travaillant dans les quartiers européens et sur le port et de les munir d'un laissez-passer permanent mais révocable, pour leur permettre de se rendre à leur travail. (Général Massu, la Vraie Bataille d'Alger, A. Fayard.)

Utilisant les fichiers des divers services de police, les paras s'emploient - une semaine avant la grève générale - à traquer chez eux les suspects. De nuit, par petites équipes, circulant à bord de camions qui feront, de maison en maison, le plein d'individus douteux les« longues casquettes » éclatent dans toutes les directions.

En des centaines de points, aux mêmes heures, se répètent les mêmes scènes : on frappe à la porte des appartements ou l'on saute sur le toit plat d'une de ces habitations basses enfermant un frais patio entre leurs quatre murs. Dans la brutale clarté de la lumière électrique, des visages mal réveillés grimacent:

- C'est toi Ahmed ben Mohamed?

Tes papiers! A allez, suis-nous!

Et tandis que, hébétée, une famille musulmane voit s'en aller le père, un frère ou un fils, les portières du camion claquent et le véhicule part en direction d'une autre adresse.
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MessageSujet: Re: Les Paras de MASSU   Les Paras de MASSU EmptyVen 23 Jan 2009 - 23:28

28 janvier: un échec total pour le F.L.N.
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A la veille du 28 janvier, plusieurs centaines d'individus se retrouvent ainsi parqués à Ben-Aknoun, banlieue d'Alger, dans les bâtiments d'une école des transmissions. Dès les premières heures de cette journée, les paras, sautant à nouveau dans leurs « bahuts », sont allés chercher chez eux les grévistes des grands services publics. Grâce à la promptitude de leur action, la paralysie qui menaçait Alger est écartée. A leur tour, les commerçants sont invités, de façon catégorique, à ouvrir échoppes et magasins. Gare aux récalcitrants! D'une simple pression en marche arrière, G.M.C. ou half-tracks requis pour cette tâche font voler en éclats les rideaux de fer dans un grand fracas de tôles tordues et déchiquetées.
A l'Arba - bourg important de la Mitidja -, le colonel Argoud use d'arguments encore plus frappants. Il a fait venir un char d'assaut sur la place principale. Comme personne n'obtempère à ses sommations, il ordonne d'ouvrir le feu. Le coup part, enfonçant la vitrine d'un magasin. Les devantures des autres boutiques s'ouvrent alors comme par enchantement.
En fin de journée, Massu peut dresser un bilan satisfaisant: la journée du 28 janvier est un échec total pour le F.L.N. Même les bateaux en souffrance dans le port ont pu être déchargés : les relégués de Ben-Aknoun ont tout simplement relayé les trop nombreux dockers absents. L'ample moisson faite en cette occasion a permis d'ajouter de nouvelles fiches à celles qui existaient déjà, de combler des vides et - renseignements et recoupements aidant - de partir sur de nouvelles pistes. Quêtes et enquêtes, menées de concert avec les officiers de police judiciaire, deviennent vite un travail de routine : arrestation, interrogatoire, puis éventuellement assignation à résidence du suspect dans un C.T.T. (centre de triage et transit) font partie du train-train quotidien.
Les interrogatoires - est-il besoin de le .préciser - s'accompagnent parfois de coups et même de sévices plus graves lorsqu'un individu, convaincu de collusion avec le F.L.N. refuse de « se mettre à table ». Un soldat préposé à la « question» manifeste-t-il quelque réticence à soumettre un suspect à la torture? Il est alors courant qu'on lui tienne ce raisonnement:
- Suppose que l'aveu que tu arracheras à ce salaud permette de sauver in extremis tes camarades sur le point de tomber en embuscade, empêche qu'une ferme ne brûle quelque part dan~ le bled ou qu'une bombe n'explose à la terrasse d'un café. Hésiterais-tu encore?
Massu, qui s'est lui-même fait passer à la << gégène >>, en approuve l’utilisation.
Il s'agit d'une génératrice débitant du courant électrique sous une tension de 110 à 220 volts. La réceptivité à ce genre de traitement est différente selon le tempérament, l'état du cœur et les conditions dans lesquelles il est infligé.
Combien de malheureux, mis à nu sur une dalle de ciment humide, un fil branché sur le petit doigt, l'autre sur le sexe, ont attendu, dans un grotesque garde-à-vous, que débutât la séance! Face à eux, assis à une table, un officier des renseignements ou un officier de police judiciaire, prend d'une main des notes sur un calepin. L'autre main, cachée sous la table, se met soudain à tourner très vite une manivelle. Un hurlement de bête, la pitoyable pantomime d'un corps qui saute en l'air ou qui se tord à terre, tel est l'affreux spectacle des séances à la gégène ».
Mais, ici, l'horreur répond à l'horreur et la torture au crime : car pour un suspect torturé par erreur, combien de pauvres enfants aux bras et aux jambes arrachés par les bombes du F.L.N. et dont les moignons informes seront d'éternels reproches faits à la folie des hommes! Quatre attentats à la bombe, deux perpétrés le 26 janvier dans des cafés - l'Ottomanisme et le Coq Hardi -, deux autres exécutés le 20 février sur des stades, feront 10 morts et 96 blessés en ces premières semaine de la « bataille d'Alger ». Mais l'action antiterroriste va vite se révéler « payante ». « Des hommes torturés parlent. Des liaisons sont coupées, écrit Yves Courrière, qui ajoute :
Des militants se trouvent d'un jour à ['autre abandonnés. La panique les saisit. Ou ils se font prendre, ou ils doivent partir pour le maquis. La wilaya 4, celle de l'Algérois, se voit envahie par des vagues successives d'hommes recherchés. » Bref, Yacef Saadi, chef des commandos terroristes, voit ses troupes fondre comme neige au soleil.
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La prise de Ben M'Hidi

Des quatre régiments de parachutistes engagés dans la « bataille d'Alger », 1 er R.E.P. du colonel Jeanpierre, 1 er R.C.P du colonel Meyer, 2e R.C.P. (1) du colonel Fossey-François et 3e R.P.C. du colonel Bigeard, c'est ce dernier qui réalise les plus beaux « bilans ». Il a notamment à son actif le démantèlement du réseau « bombes» de Yacef Saadi: le 14 février, l'arrestation par hasard d'un certain Bouchouri Mahdi, dissimulé dans un placard à Birmandreis, permet de cueillir un à un tous les membres du réseau. En même temps, 87 engins sont découverts au fond de puits ou dans des caches murées. Mais le plus beau coup du 3e R.P.C. est, sans conteste, le 17 février, la capture de Larbi Ben M'Hidi, membre du C.C.E. (Comité de coordination et d'exécution) du F.L.N., âme de la résistance aux Français et - selon l'expression même de Bigeard - pur héros de la révolution.

Ainsi, en quelques semaines, l'étau de la peur se desserre-t-il à Alger; le 30 janvier, les enfants reprennent le chemin de l'école; début mars, neuf escadrons de gendarmerie mobile prennent la relève d'unités de la 10e D.P., dont le dispositif est allégé. Massu a gagné la première manche de la « bataille d'Alger » : du 20 janvier au 31 mars, la 10e D.P. a arrêté 1 827 fellaghas, récupéré 812 armes, 88 bombes, 200 kilos d'explosifs et 166 grenades, et cela au prix de deux tués et de cinq blessés français seulement.

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Denis BALDENSPERGER
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MessageSujet: Re: Les Paras de MASSU   Les Paras de MASSU EmptySam 24 Jan 2009 - 10:48

Merci Guy pour ce très beau post..
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Michel
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MessageSujet: Re: Les Paras de MASSU   Les Paras de MASSU EmptySam 24 Jan 2009 - 11:49

Merci Guy

Une autre photo:

Bigeard, Massu, Trinquier et Léger à Alger
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