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« ... Le devoir de mémoire incombe à chacun...rendre inoubliable. Ceux qui sont morts pour que nous vivions ont des droits inaliénables. Laisser la mémoire se transformer en histoire est insuffisant. Le devoir de mémoire permet de devenir un témoin... »
 
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 volontaire d'un saut avril 1954

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MessageSujet: volontaire d'un saut avril 1954   volontaire d'un saut avril 1954 EmptyVen 12 Juin 2009 - 12:00

Volontaire d'un saut Avril 1954



Happé par la mousson de montagne qui se dresse, comme une muraille à la verticale des premières hauteurs, le Dakota tangue et roule en abordant les monts Ba Vi, à l'ouest de Hanoi. Il est 10 heures du soir. Assis sur leur siège de toile, cramponnés aux sangles qu'ils ont saisies, à tâtons, dans le noir, au décollage, les vingt-deux passagers se taisent, hébétés, le coeur au bord des lèvres...
- Allez, hurle le largueur avec l'entrain de commande d'un animateur professionnel : chantez !
Mais que chanter ? Les passagers n'ont rien de commun entre eux. Ils ne se connaissent même pas. Trois heures plus tôt, ils ne s'étaient jamais vus. Ils proviennent de toutes les unités d'Indochine. Il y a des légionnaires, des tirailleurs, des évadés de l'hôpital, des artilleurs, des tringlots. Et rien, dans leur folklore régimentaire, ne se prête à un choral. Et puis, même s'ils avaient un refrain universel, s'ils ouvraient la bouche, aucun son n'en sortirait. ... Ce saut qui se profile à l'horizon de leur nuit leur ôte toute réaction.

Debout les paras, il est temps de s'en aller
Sur la route au pas cadencé,
Debout, les paras, car nous allons sauter
Sur notre patrie bien-aimée...
La voix du largueur qui s'élevait, solitaire, au-dessus du son grave des moteurs, se casse soudain, découragée. S'il pouvait les voir, ces regards qui le fixent à l'aveuglette, le largueur n'aurait pas entonné son refrain.
Debout les paras...
Il n'y a pratiquement aucun para dans l'avion et, ce soir, les passagers vont effectuer leur premier saut, au-dessus de Diên Biên Phu, en plein combat.
Ils ne regrettent pas cet enthousiasme qui leur a fait effectuer un pas en avant, ce matin quand, au rapport, le sous-officier de semaine a demandé des volontaires. Ils n'en ont pas eu le temps...
Regroupés sous un hangar, ils ont découvert d'autres volontaires, tout aussi hagards qu'eux-mêmes. Certains affectaient un cynisme vaguement moqueur, d'autres une fausse indifférence. La plupart s'interrogeant des yeux, essayant de trouver chez le voisin la même vague appréhension.
- Comment t'appelles-tu ? Moi, c'est Lamarque. Je suis sergent. Je viens de rengager pour l'Indochine.
- Je m'appelle Manke. Je suis sergent au bataillon de commandement de la 13e demi-brigade de Légion.
- Volontaire ?
Manke sourit et hausse les épaules
- Si on veut. J'étais artilleur, autrefois, en Russie. On m'a demandé si je saurais servir un 105. Et toi ?
Lamarque émet un petit rire contraint :
- Tu es artilleur ? C'est drôle, moi aussi. Mais je n'ai pas fait la Russie. Je suis appelé. En France, il y a un mois, on a demandé des volontaires pour aller en Indochine, remplacer les engagés qui tiennent des postes administratifs de façon à les libérer pour grossir les unités combattantes. Seulement, moi, les papiers...
Manke opine, gravement. Admiratif :
- En somme, tu es tout neuf ? Jamais sauté, jamais battu...
- Dis-moi, c'est comment, la guerre ?
- La guerre ? Manke hésite .
- Cela ne se raconte pas. C'est trop difficile et personne ne la ressent de la même façon. C'est une loterie, et comme toutes les loteries, c'est l'une des choses les plus injustes que je connaisse. Elle pose plus de questions qu'elle n'en résout : pourquoi ai-je peur et pas l'autre ? Pourquoi est-il blessé et pas moi ? Pourquoi suis-je vivant alors que, cent fois...
- Je me demande si j'aurai peur.
- Peur ? Oui, ça, je peux te l'assurer. Mais la vraie question n'est pas celle-là. Tu devrais plutôt te demander comment tu vas te débrouiller avec ta peur. Et dis-toi bien que la peur c'est la vie...
Sous les obus, il n'y a pas de place pour l'enthousiasme. C'est seulement un combat entre toi et cette pieuvre aux mille bras qui se nomme ta peur. Elle est comme ta mort, affaire personnelle.
" Le combattant en tant qu'individu n'est pétri que de peur... " Manke hoche la tête sous son casque qui roule. Il tend la main, saisit le bras de son voisin qu'il serre, d'une pression amicale
- Tu ne sais pas. Tu ne peux pas savoir...
- Mais alors, toi qui sais. Pourquoi reviens-tu te jeter dans la gueule du loup ?
Manke rit. Très fort. Trop fort peut-être.
- C'est aussi ce que je me demande, mein lieber. Je ne trouve pas de réponse. Peut-être suis-je verrückt ? Fou, complètement ? Je préfère croire que j'ai d'abord eu envie de retrouver les copains, ou, mieux encore, mes frères. Chez nous, en Allemagne on les appelle les lansquenets. Les vrais soldats. Ma famille...

- Debout, accrochez! ...
Le moniteur passe, vérifie à petits coups de lampe électrique le verrouillage correct du mousqueton, l'enroulement de la SOA lovée sur le sac. D'une claque virile, ils traduisent leur approbation en hurlant un
- OK !
Le bras en travers de la porte, ouverte sur le vide, le largueur inspecte l'obscurité. Un trou rectangulaire d'un noir de velours que rien n'anime...

- Dans deux minutes, lui hurle le largueur.
Le Dakota exécute un virage serré et stabilise. Il a pris l'axe convenable. Maintenant, Diên Biên Phu n'est plus très loin. On en aperçoit les lueurs, d'un orangé pâle, qui se succèdent à l'horizon comme un lointain orage. Elles se précisent à mesure que l'avion s'approche et, soudain, des gerbes lumineuses semblent foncer vers lui, dessus, dessous.
Le Dakota tangue, vibre. Les moteurs changent de régime.
- DCA, crie le largueur.
Plus les secondes passent et plus les mailles de la DCA se font serrées, tressées fin. Les traceuses arrivent de tous côtés, à droite, à gauche, de face, de dos.

Manke s'est approché. Il avance la tête au-dehors, les oreilles aussitôt remplies du fracas des moteurs, les joues déformées par le vent. Il la rentre dès qu'il a aperçu, pas très loin devant, les lueurs précises d'un départ de tir d'artillerie.
- Isabelle ! Plus que soixante secondes.
Manke est tellement absorbé par le spectacle qui se déroule sous ses yeux ... D'une tape vigoureuse, accompagnée d'un " Go ! " vociférant, le largueur le ramène à la réalité en le jetant au vide.
Il ne sait pas comment il est parti. Peut-être même a-t-il fermé les yeux ? ... Manke regarde entre ses pieds.
Il a l'impression de plonger vers l'enfer... Il lui faut faire un effort pour se rassurer...
" Si ça se bagarre en dessous, c'est que je ne suis pas chez les Viets...
Le sol lui rentre dans les talons... Maintenant, les bruits sont lointains, de l'autre côté d'un talus qui se découpe net, sur le fond lumineux des explosions.
" Où diable puis-je bien me trouver ? " Nouvelle angoisse, rapidement résorbée...
- Ho, du renfort !
La voix est amicale un peu gouailleuse. Manke soupire : elle s'est exprimée en français.

Deux heures plus tard, guidé par une estafette de poste en poste, Manke arrive enfin au PC. Il y retrouve le sergent Lamarque, crotté, boueux, le treillis déchiré :
- Je me suis payé la rivière. Et toi ?
- RAS. Je suis arrivé devant un point d'appui qui s'appelle Dominique 3. Il paraît que j'ai eu du pot. Et les autres?
- Sur les vingt-deux volontaires de l'avion, on n'en a pour l'instant récupéré que dix-sept. Les autres sont considérés comme tombés chez les Viets...
Un colonel pénètre dans l'abri. Manke le connaît, c'est Vadot, l'adjoint de Lemeunier, le patron de la 13.
- J'ai été envoyé en renfort pour l'artillerie, explique Manke après s'être présenté.
- Nous avons pour l'instant davantage besoin de chefs de groupe que de pointeurs. Va rejoindre dès l'aube la compagnie du capitaine Philippe sur Huguette 4. Et lui ?
- Moi, répond Lamarque, je suis artilleur.
Vadot le fixe avec attention.
- Engagé ?
- Oui, mon colonel. Enfin, pas depuis longtemps : je n'ai que six mois de service.
- Je vois. Tu fais partie des renforts administratifs. Qu'es-tu venu faire ici ? Tu n'y étais pas obligé.
Lamarque rougit.
- Mon colonel, j'ai vingt ans, je ne sais rien. J'ai voulu venir à Diên Biên Phu avant...
Il s'interrompt, conscient d'avoir failli dire une sottise. Vadot relève la phrase :
- Avant quoi ? Avant que Diên Biên Phu ne soit foutu, c'est cela ?
- C'est-à-dire... enfin, oui, mon colonel...
Vadot se tait un instant.
- Je vois. C'est ce que l'on dit à Hanoi, n'est-ce pas ?
- Pas seulement à Hanoi, tenez, mon colonel, voici un journal.
Vadot se penche et lit : " La formidable erreur tactique et politique de Diên Biên Phu. " Puis il relève la tête :
- Tu as lu cela et tu es quand même venu ?
- J'ai seulement pensé que si nous étions assez nombreux à relever ce défi, Diên Biên Phu ne serait peut-être plus tout à fait une erreur.
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MessageSujet: Re: volontaire d'un saut avril 1954   volontaire d'un saut avril 1954 EmptyVen 6 Mai 2011 - 9:18


Merci pour ce texte ... qui ne demande qu'à continuer ...

DBP était foutu et ILS ont répondu "présent " pour aller mourir avec les copains ... C'est de la grande histoire ...

C'est sur que bouquin ?
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