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 L’art de se trouver au bon endroit. Souvenir vu avec humour d'une situation scabreuse.

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Roger Bodson
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Roger Bodson



L’art de se trouver au bon endroit. Souvenir vu avec humour d'une situation scabreuse. Empty
MessageSujet: L’art de se trouver au bon endroit. Souvenir vu avec humour d'une situation scabreuse.   L’art de se trouver au bon endroit. Souvenir vu avec humour d'une situation scabreuse. EmptyMar 6 Oct 2009 - 0:05

En dépit de la calamité qu’est une guerre, certaines situations vécues pendant celles-ci peuvent prêter à sourire des années après. Mais le côté humoristique que l’on peut trouver à cette situation n’en fait pas moins ressortir toute l’horreur de la guerre.
Je n’en veux pour preuve que cette scène qui a marqué notre ami Léon RENIER autant que les durs combats auxquels il a participé pendant la guerre de Corée. Je pense d’ailleurs que le moindre détail de cette guerre l’a marqué à jamais.
Un jour que tout était calme sur le front, après une violente attaque Sino-Coréenne, le peloton de notre ami Léon reçoit l’ordre de ratisser le terrain devant leur position.
Ratisser le terrain, mais pourquoi faire bondieu! Ces foutus Gradés de l’Etat-Major ne pourraient-ils pas nous foutre la paix. Que veulent-ils que nous trouvions dans ce paysage sinistre, ravagé par les obus, sans végétation, la terre noircie par le napalm. Il est impossible que quelque chose puisse encore vivre là.
Voila en gros ce que pensent les hommes, mais les ordres étant les ordres, en soldats disciplinés, le peloton se déploie en tirailleurs et commence l’inspection du no man’s land. Ils avancent sur une terre noirâtre, brûlée, véritable avant-goût de l’enfer.
Consciencieusement les hommes font leur travail et inspectent le terrain, mais il est impossible que des Sino-Coréens se soient dissimulés quelque part.
Vers midi le Lieutenant donne le signal de la pause. Chacun reste sur sa place bien aligné. Chance, notre ami Léon est juste à côté d’une légère bosse de terrain haute de 30 à 40 cm. Il s’assied confortablement dessus, sort ses boîtes de rations, les ouvre avec sa baïonnette et , comme nous l’avons tous fait, plonge sa baïonnette à plusieurs reprises dans le sol pour la nettoyer.
Et là, horreur, un sifflement se fait entendre tandis qu’une puanteur indescriptible envahit l’atmosphère. Notre ami s’est assis sur un cadavre sans s’en apercevoir et lui a plongé sa baïonnette en plein dans le corps libérant les gaz de sa putréfaction.
Léon devient blanc, vert, tente de s’éloigner de cet endroit maudit, mais le Lieutenant, qui ignore tout de la situation tragi-comique de notre ami lui fait signe de respecter l’alignement. Il peut être dangereux pour un homme seul d’être hors de vue de ses copains. Par 2 fois Léon renouvelle sa tentative pour fuir ce lieu invivable, mais le Lieutenant veille au grain et par signe lui intime l’ordre de rependre sa position.
Et c’est avec soulagement que Léon voit se terminer la pause, qu’il peut se remettre en route le bref repas terminé, pour les autres car lui n’a pu avaler une seule miette.
Et c’est seulement fin de journée qu’il put mettre son Officier au courant de sa mésaventure.
Ne vous étonnez donc pas si notre ami Léon regarde soigneusement où il s’assied lors d’une marche.


Souvenir de Léon RENIER
Recueilli par Roger BODSON
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