Les Pyrénées en plein bourbier afghan Créé le 17.12.10 à 04h38 -- Mis à jour le 17.12.10 à 04h38
De
gauche à droite et de haut en bas : le poste de commandement qui
supervise la manœuvre à 30 minutes du théâtre des opérations ; les
patrouilles de surveillance dans les rues de ce pseudo-village afgh f . scheiber / 20 minutes
Simulation Patrouilles, faux attentats… avant de partir en opération, les paras s'exercent en Ariège Une falaise déchiquetée surplombe les vestiges du château de
Roquefixade. A mi-chemin entre Foix et Lavelanet, cette ancienne
citadelle cathare offre un panorama à 360 degrés sur les Pyrénées
ariégeoises. C'est au pied de ce nid d'aigle que le 1er Régiment de
chasseurs parachutistes (RCP) de Pamiers a procédé mercredi à un
entraînement grandeur nature. Le but ? Vérifier le niveau opérationnel
des troupes avant leur départ pour l'Afghanistan au printemps prochain.
Des similitudes topographiques
« Ce site très
vallonné est assez semblable à la Kapisa, au nord-est de Kaboul, où nous
serons amenés à patrouiller jour et nuit et à sécuriser un des accès à
la capitale », explique le lieutenant Onésime Volkoff, chargé de
communication. Des similitudes topographiques idéales pour l'exercice
mais une différence de taille : ce mercredi, les ruelles de Roquefixade
sont blanchies par la neige et les militaires exécutent leur mission
dans un froid polaire. Alors que l'été prochain, ils opéreront sous des
températures avoisinant les 40 °C.
Pour donner à l'exercice encore plus de réalisme, des militaires
jouent le rôle de civils afghans ou celui d'insurgés. Grimés et
déguisés, ils sont fouillés par les soldats qui assurent la sécurité
d'une shura, une réunion entre civils et militaires. Elle a pour cadre
le hall de la mairie de Roquefixade. Assis en tailleur sur des tapis,
faux civils et vrais militaires échangent en anglais devant un verre de
thé. A l'extérieur, « tout est patrouillé et sécurisé dans un rayon de 2
ou 3 km », assure le lieutenant Volkoff. Soudain, un bruit
assourdissant. Un mirage 2 000 vient de survoler ce paisible village de
150 habitants. Quelques minutes plus tard, une explosion retentit. Non
loin de la place centrale et de sa fontaine, un simulacre d'attentat a
fait plusieurs blessés. Allongés sur le sol, couverts de peinture rouge
et de fausses blessures sanguinolentes, des soldats miment la douleur.
« Cet incident programmé permet d'étudier la réaction des autres. Après
s'être assurés qu'il n'y a plus de danger, ils vont porter secours aux
blessés. Tous ont été formés au secourisme de combat : ils savent poser
un garrot, administrer de la morphine et nettoyer les plaies », souligne
le chargé de communication.
« Traiter le terrorisme à la source »
A
quelques mètres de là, un villageois filme la scène avec un caméscope :
« Cela ressemble à la réalité, estime ce sexagénaire. Mais
personnellement, je pense qu'on n'a rien à faire en Afghanistan.
La situation continue de se dégrader, qu'on y soit ou pas. » Ce n'est
pas l'avis du sergent Johann Cuvelier, 25 ans, qui attend avec
impatience de repartir en mission. « A cause du risque et du danger
qu'elle représente, confie-t-il. Dans mon entourage, beaucoup ne
comprennent pas pourquoi on va là-bas. Je leur dis que c'est pour les
intérêts de la France et pour traiter le terrorisme à la source. Je
pense que ça peut réussir ».
Pendant ce temps, l'exercice se poursuit sous le contrôle du poste de
commandement déployé à 30 minutes de route, dans un hangar de
l'aérodrome des Pujols. Chargé d'orienter les manœuvres et de rendre
compte aux autorités, ce PC aérolargable est une des spécificités du 1er
RCP. De juin à novembre 2011, il épaulera en Kapisa les 800 soldats du
Groupement tactique interarmes Raptor, dont feront partie les 550
parachutistes de Pamiers. Et ce sera pour de vrai.
lysiane beaumel
source 20 minutes