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| un virus informatique qui pourrait changer la face du monde. | |
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| Sujet: un virus informatique qui pourrait changer la face du monde. Mar 14 Déc 2010 - 17:54 | |
| Accueil du siteForumInternationalLa guerre secrète contre le programme nucléaire La guerre secrète contre le programme nucléaire iranien.
mardi 7 décembre 2010, par Iran, par Nucléaire
C’est un ver à deux têtes - un virus informatique qui pourrait changer la face du monde. On l’appelle Stuxnet. On l’a découvert en juin dernier mais il agit depuis un an et demi. Il est programmé pour une mission diabolique : s’insinuer dans l’alimentation électrique de certains moteurs. Il en prend le contrôle, puis les rend fous. Il les fait tourner de manière erratique, de plus en plus vite, jusqu’à l’explosion. Après son forfait, il rétablit le courant normal, pour ne pas laisser de trace. Tel un tueur à gages, un 007 informatique.
Selon une étude récente, Stuxnet a une cible étonnamment précise : les moteurs qui marchent de 807 à 1 210 hertz et sont gérés par un système Siemens. Des moteurs qui ne se trouvent que dans un seul type d’engin : les centrifugeuses installées dans l’usine de Natanz, en Iran - des milliers de machines qui enrichissent de l’uranium et dont le Conseil de Sécurité exige l’arrêt, redoutant qu’elles ne fassent partie d’un programme militaire clandestin. Selon toute vraisemblance, le ver est donc un outil de sabotage destiné à désorganiser Natanz et à ralentir la République islamique dans sa (probable) course à la bombe.
Mission accomplie ? En octobre, le vice-président iranien a révélé qu’un virus s’était attaqué aux installations atomiques de son pays en infectant plus de 30 000 ordinateurs. Le 29 novembre, le président Ahmadinejad a reconnu qu’il s’agissait d’un virus et que quelques centrifugeuses avaient été mises « hors service ». Mais il a affirmé que les dégâts avaient été minimes et maîtrisés. A-t-il sous-estimé les dommages ? L’Agence internationale à l’Energie atomique écrit que, le 16 novembre, la moitié de l’usine de Natanz (des milliers de machines) était à l’arrêt, ce qui n’était jamais arrivé depuis sa mise en route en 2006. Au siège de l’AIEA, des diplomates soutiennent que Stuxnet est la cause de cette gigantesque avarie. Un spécialiste mondial de la criminalité informatique, Ralph Langer, affirme que « cette attaque a nécessité des années de préparation » et que « seul un Etat » a pu monter une telle opération. Lequel ?
Stuxnet est-il né en Israël, au nord de TelAviv, comme on le dit ? Non loin des QG du Mossad et de l’armée, dans l’un de ces buildings ultramodernes où une kyrielle de sociétés high-tech ont leur siège ? Il y a des raisons de le penser. « La plupart de ces firmes ont été fondées par des petits génies de l’informatique qui ont fait leurs classes dans l’unité du renseignement militaire chargée de la cyberguerre et des écoutes, la 8200. Comme tout le monde, ils effectuent leurs périodes de réserve et restent donc opérationnels... », explique Aharon B., lui-même ancien du renseignement.
Au-delà des hypothèses sur Stuxnet, une certitude : tous les services occidentaux mènent une guerre secrète très active contre le programme atomique iranien. Depuis la découverte du site de Natanz en 2002, c’est, pour eux, une mission prioritaire. Dans son dernier livre, le journaliste Bob Woodward révèle la liste des opérations clandestines commanditées par l’administration Bush et toujours en cours. Elles sont classées par ordre d’importance. Les actions de la CIA visant « à stopper ou à gêner » les activités nucléaires de la République islamique arrivent en deuxième position, juste derrière les opérations contre Al-Qaida. Même chose au MI6 britannique. Le 28 octobre, son patron, sir John Sawers, est sorti de sa réserve légendaire justement pour parler de l’Iran. Le maître-espion a fait sensation en déclarant publiquement qu’il était nécessaire de « mener des opérations conjointes de services de renseignement pour rendre plus difficile [à Téhéran] le développement de l’arme nucléaire ».
Au nom de cette mission historique, c’est l’union sacrée de tous les agents secrets. Même en Israël. « L’affaire iranienne a entraîné une révolution culturelle au sein de l’Aman [le renseignement militaire] et du Mossad, explique le journaliste Ronen Bergman, qui prépare un livre sur les opérations secrètes du Mossad. Leurs chefs ont décidé de coopérer pleinement avec des services étrangers, amis ou non, contrairement à la doctrine traditionnelle qui privilégie le travail en solo. » En France aussi, l’entente cordiale prévaut. « Le nucléaire iranien est l’un des rares sujets, avec le terrorisme, à propos duquel il n’y a pas de guéguerre entre la DGSE, la DRM et la DCRI, mais au contraire une coordination exemplaire, au plus haut niveau », explique l’expert François Heisbourg, qui suit ces questions sensibles.
Une solidarité inédite
Une opération est emblématique de cette collaboration sans précédent : la découverte, dans la montagne de Qom, d’une seconde usine d’enrichissement. « Cela a cristallisé la solidarité internationale contre le programme nucléaire militaire iranien », confie l’ancien patron du Mossad, Ephraïm Halevy.
Tout commence en 2003. En analysant les clichés du satellite militaire français Hélios et en les croisant avec des images radars américaines, les photos- interprètes de la DGSE (« une petite unité d’une douzaine de personnes » selon Philippe Vasset, le rédacteur en chef d’« Intelligence Online ») repèrent les premiers travaux. Ils ne savent pas encore de quoi il s’agit. Ils transmettent l’information aux services alliés. Le Mossad réussit à recruter une source impliquée dans cette construction. La taupe fournit des photos de l’intérieur du site, des tunnels. On hésite sur leur destination. Tout s’éclaire en 2007. « Un autre service [probablement le MI6] a mis la main sur la liste des commandes passées pour ces tunnels : des valves, des tuyauteries en alu, des appareils de mesure de pression... , raconte un officiel français. Il n’y avait pas de doute : les Iraniens avaient l’intention d’y installer une usine clandestine d’enrichissement. » Une bombe !
Lorsqu’il s’agit de révéler cette découverte au monde, là encore, c’est l’union sacrée. Au début de l’été 2009, juste après la réélection truquée d’Ahmadinejad, l’Elysée veut rendre public le « dossier Qom ». Mais, au même moment, une source du MI6 dans le tunnel se fait repérer par le contre-espionnage iranien et exécuter. Inquiets pour leur propre taupe sur place, les Israéliens demandent que l’on reporte cette publication. Ce n’est qu’en septembre, en marge du sommet de Pittsburg, qu’Obama, Brown et Sarkozy révèlent ensemble l’affaire, affichant une solidarité inédite de leurs services secrets. Entre-temps, la source israélienne a été exfiltrée via la Turquie - où, jusqu’à sa fermeture récente à cause du refroidissement des relations entre Jérusalem et Ankara, le Mossad disposait de son poste le plus important à l’étranger. Il fallait absolument la sauver, pour ne pas décourager les autres. Dans cette guerre de l’ombre, rien n’est plus important que le recrutement de taupes et de transfuges. Au début, le BND - service de renseignement allemand - réussit les plus beaux coups. En 2002, il parvient à retourner un homme d’affaires iranien - nom de code « Dauphin » - dont l’entreprise participe à la construction de Natanz. L’homme fournit des détails sur le site. Il met aussi la main sur des rapports secrets concernant les recherches nucléaires militaires, qu’il recopie sur son ordinateur portable. Il espère les monnayer auprès du BND pour obtenir un jour l’asile politique. Mais en 2004, l’homme est démasqué par le contre-espionnage iranien et tué. Sa femme a le temps de s’enfuir via la Turquie en emportant l’« assurance- vie » de son mari. Grâce aux 1 000 pages de documents contenues dans l’ordinateur de « Dauphin », les services occidentaux, puis l’AIEA, apprennent que les Iraniens ont commencé à travailler sur des têtes nucléaires.
En 2005, la CIA prend la relève du BND, dont le réseau iranien est décimé. Le patron de l’Agence, Porter Gross, lance le programme Brain Drain visant à retourner des scientifiques et hauts gradés iraniens. Ils misent sur leurs contacts avec leur famille à l’étranger, à Los Angeles, Dubaï, Paris ou Toronto. Avec l’aide du Mossad, la CIA établit une liste de dizaines de « défecteurs » potentiels, à commencer par ceux qui ont séjourné en Occident. Le général Ali Reza Asgari en fait probablement partie. Il a étudié aux Etats-Unis dans les années 1970. Vice-ministre de la Défense et conseiller du président modéré Khatami, il est mis sur la touche en 2004, après la première élection d’Ahmadinejad. Il est mûr pour Brain Drain. Trois ans plus tard, il disparaît lors d’un voyage privé, toujours en Turquie, vraisemblablement après une opération d’exfiltration menée par la CIA et le Mossad. « Son débriefing a permis une avancée capitale sur le programme nucléaire », explique Aharon B..
Outils de désinformation
Le jeune chercheur Shahram Amiri fait, lui, défection lors d’un voyage en Arabie Saoudite, en juin 2009. Selon le « Daily Telegraph », il est interrogé par la CIA quelque part dans l’Arizona. Il révèle que l’université où il travaillait à Téhéran est, en fait, le QG du programme nucléaire militaire. Les services secrets américains lui auraient versé 5 millions de dollars. Mais disait-il la vérité ? Etait-il un agent double ? Quatorze mois après sa défection, il retourne à Téhéran. Le doute s’installe sur la valeur de ces transfuges tant désirés, qui peuvent devenir de puissants outils de désinformation au service du régime iranien. Cela n’arrête pas le Brain Drain. Le 9 octobre, le vice-président iranien est contraint de reconnaître que plusieurs personnes qui travaillaient dans les installations nucléaires ont été récemment recrutées par des services occidentaux.
Menaçant, il ajoute que la plupart ont été exécutés pour haute trahison. C’est une guerre à mort, des deux côtés. Le Mossad, la CIA et leurs alliés ont, semble-t-il, engagé une campagne d’assassinats ciblés de responsables du nucléaire iranien. On leur attribue plusieurs morts suspectes. Il est vraisemblable que certains groupes hostiles au régime central iranien - Kurdes, Azéris, Baloutchs - soient utilisés dans ces opérations, même s’ils sont sur la liste des organisations terroristes du Département d’Etat. En janvier 2007, un chercheur de 44 ans, Ardeshir Hassanpour, est retrouvé sans vie, après avoir inhalé trop de gaz toxique. Il travaillait à l’usine de conversion d’uranium d’Ispahan. Trois ans plus tard en janvier 2010, un professeur de physique, Masoud Ali Mohamadi, est tué à Téhéran par l’explosion d’une moto. Enfin, le 27 novembre, les voitures de deux experts nucléaires ont, selon la télévision iranienne, explosé simultanément à Téhéran. L’un d’eux serait décédé. Il était l’un des rares spécialistes de la séparation isotopique en Iran. Autant de décès bien étranges qui désorganisent le programme atomique.
Pour le retarder davantage encore, les services occidentaux ont développé d’autres d’outils, moins violents. Des résolutions de l’ONU interdisant la vente à Téhéran de certains matériaux et équipements clés, les Iraniens cherchent à s’approvisionner sur le marché noir. Pour piéger les trafiquants, les douanes américaines ont créé de fausses sociétés grâce auxquelles elles ont monté des opérations d’une sophistication rare. En 2007, l’un de ces James Bond des douanes, se faisant passer pour un homme d’affaires balte, donne rendez- vous à un intermédiaire iranien à Tbilissi, en Géorgie. La police locale cueille l’homme puis l’extrade aux Etats-Unis. De même, le service spécial des customs a permis à la police canadienne de mettre la main, en mars 2009, sur Mahmoud Yadegari. Depuis Toronto, ce jeune Irano-Canadien tentait d’acheminer à Téhéran, via la Malaisie, des transducers, des instruments de mesure indispensables dans une cascade de centrifugeuses. En janvier 2010, c’est un certain Kevin Chen qui est arrêté à Guam pour avoir vendu, via Hongkong et Taïwan, des détonateurs (et des pièces de missiles) à la République islamique.
Le programme nucléaire en difficulté
Il y a plus subtil encore : saboter le matériel acheté par l’Iran. Les opérations sont encore plus complexes. Les Suisses Tinner, le père et ses deux fils, travaillaient pour le réseau pakistanais d’ Abdul Khan, qui vendait clandestinement des matériels nucléaires. Urs, le plus jeune des Tinner, a admis avoir été retourné en 2003 par les Américains. Dans une opération conjointe de la CIA, du MI6 et du Mossad, il a fourni à l’Iran des pompes à vide - des équipements nécessaires aux centrifugeuses - qui avaient été préalablement détraquées. « Avant d’être envoyées à Téhéran, ces machines ont fait un petit détour, raconte David Albright qui, à Washington, dirige une ONG spécialisée dans l’étude de la prolifération nucléaire. Elles sont passées en catimini par Oak Ridge et Los Alamos, dans des labos atomiques américains où elles ont été sabotées. » Selon Albright, c’est sans doute un intermédiaire du Lichtenstein qui les a finalement « refourguées » aux Iraniens...
Récemment, la guerre secrète a investi le champ diplomatique. L’administration américaine a décidé de convaincre les pays qui continuent de fournir l’Iran en matériels sensibles de s’abstenir. Depuis l’été et les dernières résolutions de l’ONU, un émissaire du Département d’Etat, Robert Einhorn, fait le tour des capitales en question avec, sous le bras, des lourds dossiers préparés par les services secrets. En octobre, il était à Pékin. Aux autorités chinoises, il a présenté une liste d’entreprises qui vendent à l ’ Iran des fibres de carbone, des jauges à pression ou des tubes en alliage très solide, autant de matériels interdits, indispensables aux usines d’enrichissement. Message implicite : si vous continuer de laisser faire, on le fera savoir à la presse internationale, ce qui sera très mauvais pour votre image de pays responsable.
Au total, la guerre secrète sous toutes ses formes a eu l’effet recherché : le programme nucléaire iranien connaît des difficultés importantes. « Leur usine d’enrichissement s’arrête, leurs cadres se font assassiner ou fuient à l’étranger et ils n’ont plus de quoi construire les milliers de centrifugeuses qu’ils avaient planifiées. Bref, il semble que nous soyons en train de réussir », déclare Patrick Clawson, du Washington Institute for Near East Policy. François Heisbourg partage son optimisme : « Avant, le temps jouait contre nous ; maintenant, il joue contre l’Iran. »
Est-ce à dire que l’Iran est sur le point de renoncer à ce programme ? « Je ne le crois pas du tout, dit Olli Heinonen, l’ancien chef des inspecteurs de l’ONU, qui a rejoint l’université de Harvard cet été. La preuve : les Iraniens cherchent à construire d’autres usines d’enrichissement dans des endroits secrets. Pour brouiller les pistes et rendre la tâche plus difficile aux services occidentaux, ils creusent des tunnels en de nombreux lieux. » Il ajoute que l’AIEA dispose d’informations très précises et non encore publiées sur de possibles travaux de militarisation de l’atome en cours à Téhéran, y compris des photos. Un officiel français, au fait du sujet, confirme ces informations. Il dit aussi que la Corée du Nord pourrait fournir à l’Iran le matériel dont il a besoin et qu’il n’arrive plus à se procurer.
Cependant, dans l’administration Obama, certains pensent que, pour l’instant, les activités nucléaires iraniennes sont sous contrôle. « Ils nous disent que, grâce à leurs réseaux d’espionnage technique et humain, ils savent tout ce qui se passe dans les installations atomiques iraniennes et que, si Téhéran commençait à construire une bombe, ils seraient prévenus sous quatre jours », raconte un homme qui est souvent briefé par la Maison-Blanche. Si bien que l’administration Obama estime avoir plus de temps que prévu pour la diplomatie. Combien ? Les pessimistes disent un an, les autres peut-être deux. Et si cela ne marche pas ? Les uns pensent qu’on devrait accepter l’idée d’un Iran nucléaire et tout mettre en place pour le contenir. D’autres qu’il suffira d’intensifier la guerre secrète.
En Israël, on voit les choses autrement. « A la fin des années 1970, le Mossad a lancé une série impressionnante d’opérations clandestines visant à retarder le programme nucléaire irakien, rappelle le journaliste Ronen Bergman. En 1979, dans les chantiers de La Seyne-sur-Mer, il a détruit la cuve d’un réacteur atomique avant sa livraison à Bagdad. Pourtant, trois ans après, Israël est parvenu à la conclusion qu’il n’y avait plus d’autre choix que de bombarder la centrale d’Osirak » Sans le feu vert de Washington.
Henri Guirchoun et Vincent Jauvert
Nouvel Obs
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| | | SF Expert
| Sujet: Re: un virus informatique qui pourrait changer la face du monde. Mar 14 Déc 2010 - 18:02 | |
| Affaire à suivre sans aucun doute !
Une fois de plus, il semble évident qu'avancer main dans la main est plus judicieux que l'ordre dispersé !..... | |
| | | | un virus informatique qui pourrait changer la face du monde. | |
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