Puisque Arcimboldo me fait l'amitié de me demander ce que j'en pense ...
Gervez,
Je partage totalement les idées que tu exprimes, et qui ne sont que le reflet de la réalité que nous avons vécue, et de la réalité telle qu'elle se présente aujourd'hui.
Si tu me le permets, j'ajoute quatre commentaires :
- c'est vrai, la gamelle est aujourd'hui une motivation importante (?) pour un certain nombre de jeunes qui, souvent, ne savent pas trop quoi faire ...
Mais, ce n'est en rien déshonorant. Tout dépend de ce que l'on fait, de ce que l'on devient par la suite !
Tous les Grands Soldats ne sont pas tous nés Soldats ...
Tous les Grands Soldats n'avaient pas eu la chance de rencontrer des hommes leur montrant le chemin de l'Honneur, du Service, du Sacrifice, de l'Amiitié, ...
Ayant eu l'Honneur de servir à la Légion, je puis t'affirmer que bon nombre de ces Soldats magnifiques le sont devenus après avoir signé ! Et, quand ils avaient franchi la porte du centre de recrutement, leurs motivations étaient bien diverses ...
Je te renvoie au poème du capitaine de BORELLI (en bas du post)
- tu écris :
- Citation :
- Si l'on ajoute à cela que nous avions les meilleurs Chefs,de l'officier au sous-officier qui revenaient pour la plupart d'Indochine et qui savaient ce que guerre subversive veut dire et qui de plus se souciaient plus de la vie et du bien être de leurs hommes plutot que de leur déroulelment de carrière et de leurs décorations,même si il y avait "compétition" entre les diverses unités et qui ne voulaient pas que se reproduisent les mêmes erreurs qu'en Indochine
Nous ne venions pas tous d'Indochine ...
tu écris :
- Citation :
Et le plus grand reproche que je ferais à nos hommes politiques,c'est d'avoir supprimél la conscription,car les appelés étaient le seul lien Armée-Nation.
Tu l'as vécu : "dans tes prières" n'oublie pas celui et tous ceux qui ont tout fait pour casser l'Armée, et plus particulièrement nos unités, à partir de 192 !
tu écris :
- Citation :
nous avions les meilleurs Chefs,de l'officier au sous-officier
Ce n'est pas à moi de le dire.
Mais, moi, je sais que j'ai eu les meilleurs Sous-Officiers, les meilleurs Parachutistes, et moi aussi, je ne me posais aucune question, j'avais une totale confiance en eux !
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Poeme du Vicomte de Borelli capitaine de la legion etranger heros de seige de Tuyen-Quang 1895
Et particulièrement à la mémoire de Tiebald Streibler
Qui m'a donné sa vie le 3 mars 1885.
Ah mais homme son mort .
Mes compagnons c'est moi; mes bonnes gens de guerre,
C'est votre chef d'hier qui vient parler ici
De ce qu'on ne sait pas, ou de ce que l'on ne sait guère;
Mes morts, je vous salue et je vous dis : Merci.
Il serait temps qu'en France on se prit de vergogne
A connaître aussi mal la vieille Légion
De qui, pour l'avoir vu à sa rude besogne,
J'ai la très grande amour et la religion.
Or, écoutez ceci : "Déserteurs ! Mercenaires !
Ramassis d'Etrangers sans honneur et sans foi !"
C'est de vous qu'il s'agit, de vous Légionnaires !
Ayez-en le cœur net, et demandez pourquoi ?
Sans honneur ? Ah ! Passons ! Et sans foi ? Qu'est-ce à dire,
Que fallait-il de plus et qu'on aurait voulu ?
N'avez-vous pas tenu, tenu jusqu'au martyre,
La parole donnée et le marché conclu ?
Mercenaires ? Sans doute : il faut manger pour vivre;
Déserteurs ? Est-ce à nous de faire ce procès ?
Etrangers ? Soit. Après ? Selon quel nouveau livre
Le Maréchal de saxe était-il donc français ?
Et quand donc les français voudront-ils bien entendre
Que la guerre se fait dent pour dent, œil pour œil.
Et que ces Etrangers qui sont morts, à tout prendre,
Chaque fois, en mourant, leur épargnaient un deuil.
Aussi bien c'est assez d'inutile colère,
Vous n'avez pas besoin d'être tant défendus;
Voici le Fleuve Rouge et la Rivière Claire
Et je parle à vous seuls de vous que j'ai perdus !
Jamais Garde de Roi, d'Empereur, d'Autocrate,
De Pape ou de Sultan; jamais nul Régiment
Chamarré d'or, drapé d'azur ou d'écarlate,
N'alla d'un air plus mâle et plus superbement.
Vous aviez des bras forts et des tailles bien prises
Que faisaient mieux valoir vos hardes en lambeaux;
Et je rajeunissais à voir vos barbes grises,
Et je tressaillais d'aise à vous trouver si beaux.
Votre allure était simple et jamais théâtrale;
Mais le moment venu, ce qu'il eût fallu voir,
C'était votre façon hautaine et magistrale
D'aborder le "Céleste" ou de le recevoir.
On fait des songes fous, parfois quand on chemine,
Et je me surprenais en moi-même à penser,
Devant ce style à part et cette grande mine,
Par où nous pourrions bien ne pas pouvoir passer ?
J'étais si sûr de vous ! Et puis, s'il faut tout dire,
Nous nous étions compris : aussi de temps en temps
Quand je vous regardais vous aviez un sourire,
Et moi je souriais de vous voir contents.
Vous aimiez, troupe rude et sans pédanterie,
Les hommes de plein air et non les professeurs;
Et l'on mettait, mon Dieu, de la coquetterie
A faire de son mieux, vous sachant connaisseurs
Mais vous disiez alors : "La chose nous regarde,
Nous nous passerons bien d'exemples superflus;
Ordonnez seulement, et prenez un peu garde,
On vous attend... et nous on ne nous attend plus !"
Et je voyais glisser sous votre front austère
Comme un clin d'œil ami doucement aiguisé,
Car vous aviez souvent épié le mystère
D'une lettre relue ou d'un portrait baisé.
N'ayant ni nom, ni foyer, ni Patrie
Rien où mettre l'orgueil de votre sang versé,
Humble renoncement, pure chevalerie,
C'était dans votre chef que vous l'aviez placé.
Anonymes héros, nonchalants d'espérance,
Vous vouliez, n'est-ce pas, qu'à l'heure du retour,
Quand il mettrait le pied sur la terre de France,
Ayant un brin de Gloire, il eût un peu d'Amour.
Quant à savoir si tout s'est passé de la sorte,
Et si vous n'êtes pas restés pour rien là-bas,
Si vous n'êtes pas morts pour une chose morte,
O mes pauvres Amis, ne le demandez pas !
Dormez dans la grandeur de votre sacrifice,
Dormez, que nul regret ne vienne vous hanter ;
Dormez dans cette paix large et libératrice
Où ma pensée en deuil ira vous visiter
Je sais où retrouver, à leur suprême étape
Tous ceux dont la grande herbe a bu le sang vermeil,
Et ceux qu'ont engloutis les pièges de la sape,
Et ceux qu'ont dévoré la fièvre et le soleil;
Et ma pitié fidèle, au souvenir unie,
Va du vieux Wunderli qui tomba le premier,
En suivant une longue et rouge litanie,
Jusqu'à toi mon Streibler qu'on tua le dernier !
D'ici je vous revois rangés à fleur de terre
Dans la fosse hâtive où je vais ai laissés,
Rigides, revêtus de vos habits de guerre
Et d'étranges linceuls fait de roseaux tressés.
Les survivants ont dit - et j'ai servi de prêtre ! -
L'adieu du camarade à votre cœur meurtri;
Certain geste fut fait bien gauchement peut-être,
Pourtant je ne crois pas que personne en ai ri !
Mais quelqu'un vous prenait dans sa gloire étoilée
Et vous montrait d'en haut ce qui priaient en bas,
Quand je disais pour vous d'une voix étranglée,
Le Pater et l'ave - que tous ne savaient pas !
Compagnons j'ai voulu vous parler de ce choses,
Et dire en quatre mots pourquoi je vous aimais :
Lorsque l'oubli se creuse au long des tombes closes,
Je veillerai du moins et n'oublierai jamais.
Si parfois, dans la jungle où le tigre vous frôle
Et que n'ébranle plus le recul du canon,
Il vous semble qu'un doigt se pose à votre épaule,
Si vous croyez entendre votre nom;
Soldats qui reposez en terre lointaine,
Et dont le sang donné me laisse des remords,
Dites-vous simplement : "C'est notre Capitaine
Qui se souvient de nous... et qui compte ses Morts."
Capitaine DE BORELLI