Algérie- Ma première opération en Algérie dans les rangs du 3ème Régiment de Parachutistes Coloniaux du Lieutenant / Colonel BIGEARD
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7 avril 1956 : Il est onze heures, le SIDI OKBA, vieux bateau de transport de troupe, sale et rouillé accoste aux quais de BÔNE, dans sa carcasse c'est le remue ménage des arrivées de troupes, traversée calme, les discussions vont bons train dans le 4ème peloton de l'Escadron du Cpt. Le Boudec.
La chaleur est écrasante pour un gars qui arrive de France avec un hiver à peine fini. Nous avons touchés des boites de rations, sur le quai ou nous sommes entassés en attendant les camions qui vont nous transportés dans notre base provisoire, périphérie de Bône, dans un terrain de sport, appelé « Les Lauriers Roses « , j'ouvre une boite de ration et mange ce qui si trouve, paté de Pousauges, sardines bretonne, pâté de tête etc...Imité par le groupe auquel je suis intégré, on se connait tous, le grand André Jeanneret 1mètre 85,René Cadet le savoyard, Robert Groisil le titi parisien, Georges Plisson de la Vienne, Covillers le Ch'Ti, Martignon de ST Dié, Michel Joubert le breton, Claude Angot le normand, Gustave Prigent le charentais(c'est moi) et mon bon copain Jacky Fièvre du Loiret.
Déjas fatigué par la chaleur et la cohue du débarquement, nous sommes aussitôt employés au montage des tentes dites Marabouts, pour quinze paras environ, puis les équipés de lits picot, cela fait, je m'écroule sur mon lit.
Sur le terrain de sport, le seul bâtiment est celui du gardien du stade. Il y a déjas un gars qui fait la pelote, le fusil au bout des bras levés, il court autour du terrain, surveillé par un gradé qui n'a pas le sourire du tout, bonne entrée en matière, pour les récalcitrants. Des HLM sont bâtis autour du terrain , et des gens regardent l'activité de la compagnie, des femmes derrières les grillages, observe le paras faisant sa punition, montrant des signes de faiblesse il est ligoté à un poteau debout et reçoit un seau d'eau sur la tête pour le remettre d'aplomb, les femmes horrifiées crient: « si c'est pas malheureux ,le pauvre gosse «, nous rions sous cape d'entendre leur accent Pied-Noir.
8 avril 1956: J'ai ma jeep N°89302, car l'autre est en réparation, nous préparons nos paquetage, mettre encore toute les affaires dans les sacs, même les sales, le tout bien rangé sous les toiles de tentes, nous sommes les nomades, prêt à partir en mission pour la 1er fois. J'ai soif d'aventurE. On nous a formés pour cela, quand est-il de notre Colonel ?, c'est a peine si j'aperçois le capitaine Le Boudec. Notre chef de section et un Sergent/chef en attendant d'avoir de nouveaux effectifs dans les cadres, notre sergent, un vieux de la vieille qui a baroudé un peu dans tout les coins de France et d'Indochine, Dalmasso, c'est son nom il a un fort accent du midi, petit comme moi, il a du punch, on le respect.
La nourriture faite par nos cuistots est bonne, mais sans plus, moi qui ne suis pas difficile je m'accommode très bien de cette pitance, j'ai mangé comme un ogre.
Je suis voltigeur avec une MAT 49, et un porte-chargeur de cinq chargeurs de MAT, et 125 cartouches en vrac dans le sac a dos.
J'ai était voir les alentours du camp pour voir la ville, elle paraît assez grande, mais il faudra une perm pour la visiter de plus prés. On vient de recevoir les ordres, demain se sera ma 1er opération avec le régiment qui se trouve dans la montagne, beaucoup de rebelles dans le djebel ( montagne ) .
Lundi 9 avril 1956: nous partons en jeeps de bonne heure en direction de Duvivier à 80 kilomètres de Bône, gros bourg entouré de montagnes très boisées à perte de vue.
Nous arrivons à huit heures dans le village, arrêt en bordure du bourg, il nous faut sans tarder mettre en place les marabouts que des camions ont apportés, bientôt six grande toiles se dressent pour l'Escadron dans un espace entouré de barbelé, un minaret domine le paysage, je suis un peu désorienté, un si brusque changement, la température est idéale pour moi, se sont les odeurs qui différent.
Le muezzin appel à la prière dans des hauts -parleurs, il doit être entendu à des kilomètres à la ronde. Le régiment au complet se trouve être installé comme nous dans le pourtour du village, le Poste de Commandement ( PC ) du Lt/Cl. Bigeard, est quand à lui hébergé dans l'école des filles du village.
10 avril 1956: Nous sommes réveillés à quatre heures trente, trente minutes pour se préparer, en tenue camouflée, casquette sur le crâne presque rasé, bottes de saut aux pieds, musette TAP au dos avec dedans le stricte minimum, sac de couchage ficelé en boudin sur le sac, nous embarquons dans des camions FORD , nos véhicules sont parqués dans l'enclos de nos tentes surveillés par un équipage de char et d'une auto mitrailleuse. Nous roulons durant plusieurs heures dans un décor de montagne recouvert d'une forte végétation d'arbres, peut-être cent cinquante kilomètres de route et de piste à peine carrossable, nous ammènent, à onze heures au point X, plus de piste !.
Sac à dos, chargé de nos sacs et munitions et en plus je porte le sac du radio Malgache Racotomavo, un petit para basané ,de ma grandeur, radio du Lieutenant Michel notre chef de section. Vingt cinq kilomètres de djebel en bottes de saut neuves, le cuir n'est pas fait, il est dure et déjas le frottement me fait souffrir ,avec mes mollets trapus, le haut de la botte me gène terriblement dans cette marche de montagne ou les chevilles sont constamment sollicitées, cela promet !.
Je souffre des pieds, le passage d'oued ou l'eau courent sur une pente assez forte, remplie les bottes d'eau, je n'est pas de chaussettes de rechange, les vint cinq kilomètres de montagne représente certainement dix kilomètres de plus, la chaleur aidant ,mes pieds sont dans une marinade, j'ai un mal de chien à finir la journée, je suis une loque le soir venu. Je me couche terrassé de fatigue faite par la douleur de mes pieds, le moral et au plus bas, je suis dans le rouge, je fait mon trou individuel, enlève les bottes, les chaussettes sont collées à la peau qui s'en va en lambeau au points de frottements, je fait sécher tout cela pendant la nuit, l'infirmier me donne de la pommade à passer sur les plaies.
11 avril 1956: Réveil à cinq heures, et c'est parti pour une marche dans ce décor sauvage, la forêt de chêne liège est dense, nous fouillons des gourbis, arrêtons des suspects, la zône ou nous progressons est une région à risque dite « dangereuse « , nous ne sommes qu'une partie de l'E.J.A à continuer l'opération, le soleil est au maximun, j'ai intérêt de ne pas me découvrir avec ma peau qui n'a pas vu le soleil depuis six mois !! .
Je crève de soif, le serpatte (sergent) m'a dit que pour couper la soif, il faut un caillou entre les dents, et cela aide à oublier la soif et ne coupe pas les jambes. Heureusement que nous avons la casquette, je ne me vois pas avec un casque, et pourtant d'autres le porte, mais es-ce qu'ils « pitonnent »(escalade) toute la journée ?. Nous ramenons des suspects à notre PC Le Boudec ( Bruno4), qui n'ont pas lieu d'être ici.
Vendredi 13 avril: Il est cinq heures , nous repartons après un frugal repas, faire le même travail que la veille, la marche devient pénible au fur et à mesure de la montée vers les crêtes du djebel ou par endroit les sommets sont dénudés avec des grottes un peu partout, bientôt, les rations de nourriture sont au plus bas, nous passons à coté de quelques bêtes il y a deux veaux, le Capitaine décide de les faire abattres pour compléter notre ration épuisée, deux volontaires connaissant la découpe, sont désignés pour l'abattage des veaux, sont mis à contributions, bientôt les deux bêtes sont découpées sur place de façon rudimentaire, ont se démerdent à faire cuire notre part pour l'équipe, çà nous calme la faim, les parts ne sont pas grosses, mais c'est mieux que rien.
Je dort mal la nuit, étant pas encore endurci pour ce genre d'opération. Il y a de la souffrance à venir !, les nuits sur les pitons ( sommets) sont glaciales, mes pieds vont mieux, le sergent Phillip me donne une pommade pour les pieds, vraiment efficace !!. Le village ou nos arrivons s'appelle GOUNOD, de là nous sommes héliportés sur un sommet par « Sikorsky 56 « à cinq paras par hélico pas plus , c'est mon 1er héliportage, fantastique!!, l'impression est vraiment forte, le balancement de ce gros pachyderme, et la sortie en trombe, à peine touché terre est exaltante, on oublie les kilomètres sur la piste dans l'envie parfois de s'assoir est de ne plus avancé d'un mètre, de finir là comme une bête ! .
Cela n'a rien donné, je crois plutôt que ce premier contact est fait pour nous tâter, juger de notre valeur à la marche, à l'effort, au mental, nous sommes observés, pour nous avoir fait faire ces deux jours de « crapahut « comme des pros !.. On nous met devant notre responsabilité pour prouvé la capacité que nous avons à marcher comme une compagnie de combat, on doit montré que nous sommes au niveau des meilleurs, se sera dur mais faisable , adieu les jeeps , se sera désormais les marche de cinquante kilomètres par jour notre crédo du parfait parachutiste dans le régiment le plus célèbre du moment. J'ai même perdu la notion du temps dans nos marches en avant, le petit carnet de notes est dans ma poche, mais aurai-je le courage de l'ouvrir pour écrire nos marches nos souffrances, notre but, nos joies, nos peines, je ne suis pas le seul à éprouvé des instants de lassitudes, mais on se remonte le moral, les plus alertes donnes des coups de main au plus HS « hors service «
Je marche sur un nuage la tête dans le vague, cela devient grave pour moi..!
14 avril 1956: Réveil.. Il fait froid est dans le noir, on rejoint la piste, un jus froid dans le ventre, avec une pâte de fruit, un bout de biscuit de guerre, et c'est parti pour vingt kilomètres de piste avant de retrouver les camions, il est midi, nous retournons à Duvivier notre base avancée. « Ah;;! J'y suis au ...3... et en plein dedans !!!!. »