Bonjour à tous,
Comme le sujet de ce forum est pointu et sensible et qu'il vaut mieux "rester dans les clous", je me contente de vous retranscrire, mot pour mot, le texte que l'on trouve dans l'excellent livre de Philippe POULET, "Forces Spéciales Terre"...Les photos, elles, sont "maison".
LES DIFFERENTS TYPE DE SAUT
Le saut à ouverture automatique (O.A.)C'est le saut « classique » de toute unité parachutiste. S’effectuant entre 200 et 400 mètres/sol, les personnels sortent rapidement au rythme de 1 par seconde, par les deux portes latérale des avions de transport.
Le parachute, dont la sangle d’Ouverture Automatique (S.O.A.) est reliée à un câble à l’intérieur de l’aéronef s’ouvre tout seul dès la sortie de l’avion.
Ce système permettant de mettre en place rapidement un grand nombre de personnels dans un minimum de temps (environ 60 paras par avion et par minute) est toutefois peu utilisé par les Forces Spéciales qui recherchent avant tout la discrétion dans leurs modes d’infiltration.
Ce type de largage nécessite d’autre part une vaste zone d’atterrissage, dégagée de tout obstacle sur environ 2 kilomètres. Il permet en contrepartie une approche collective de la « 3ème dimension » créant par là même le fameux « esprit de corps » de tout régiment parachutiste.
Les Forces Spéciales ont fait évoluer cette méthode en mettant au point une technique un peu plus « radicale » : Le saut L.O.S. (Largage Opérations Spéciales) qui s’exécute toujours de nuit et sans aide de personnels au sol.
Pour éviter d’être détectés et pour diminuer le temps d’exposition à l’ennemi, les groupes sont largués à une hauteur de 200 mètres à l’entrainement à seulement 125 mètres en opération !.
Cette très faible hauteur, qui protège le parachutiste, limite la dispersion des personnels au sol mais exige une maitrise parfaite des procédures « spéciales » et une très grande rigueur dans l’exécution.
Le Saut à Ouverture Commandée Retardée (S.O.C.R.)Plus communément appelé « la chute libre ». Les paras, partant d’une altitude située entre 1.200 et 4.000 mètres d’altitude, chutent puis ouvrent, manuellement, leur parachute vers 1.000 mètres/sol. Si l’altitude de départ se situe vers les 4.000 mètres on parle alors de S.O.G.H. (Saut Opérationnel à Grande Hauteur).
Ce système d’ouverture retardée fut expérimenté en France dès les années 50 par les « chuteurs-musettes » du 1er Bataillon Parachutiste de choc (B.P.C.), dont le 1er P.P.I.Ma est employé aujourd’hui l’un des descendants, mais ne fut officiellement employé au combat que vers 1970 par des équipes de renseignements Américaines lors de la guerre du Vietnam.
L’évolution du matériel favorisa rapidement le développement de cette technique qui devint alors très populaire aussi bien dans le milieu du parachutisme civil que chez les militaires.
Le brevet de « chuteur opérationnel », communément appelé « chuteur OPS », sanctionne cette compétence nettement différente de la version civile de l’activité.
Le militaire agit en effet presque uniquement de nuit, sous appareil de vision nocturne, tout en étant lourdement chargé lors de ce type de saut : jusqu'à 80 kilos de matériels et d’armement, placé dans une gaine en position ventrale.
Au total le chuteur pèse dans les 200 kilos ce qui implique donc de grands changements quand à son comportement dans l’air (stabilité plus difficile, taux de chute plus important de l’ordre de 240 km/h…). Il lui faut même quelquefois avoir recours à un mini-parachute - un stabilisateur- qui permet de réguler la chute et de maintenir le para en position horizontale.
Une fois le parachute ouvert, sous voile, les soldats doivent ensuite effectuer leur approche de la zone de posé en s’orientant au G.P.S. dans des zones qu’ils ne peuvent avoir reconnues. A une dizaine de mètres du sol, ils larguent leur lourde gaine qui se pose ainsi quelques instants avant eux.
Cette formation dispensée à l’Ecole des Troupes Aéroportées (E.T.A.P.) est à destination des Forces Spéciales et des unités requérant des personnels ayant cette qualification tels que le R.A.I.D., le G.I.G.N., et bien évidemment le Groupement des Commandos Parachutistes. En France, environ 3.000 paras ont été qualifiés « chuteurs OPS » depuis la création de cette spécialité en 1965.
Le Saut Opérationnel à Très Grande Hauteur (S.O.T.G.H.)C’est la spécialité 3D la plus exigeante des qualifications militaires. Les paras sont largués à très haute altitude, de 8.000 mètres à 10.000 mètres, ce qui permet aux avions de transport d’être hors de portée des défenses anti-aériennes classiques et de pouvoir exploiter les couloirs aériens « civils » pour mettre en place des équipes d’infiltration. Vu les hauteurs de largage, les équipages et les chuteurs disposent d’équipements spéciaux, à la fois pour résister au froid ambiant d’environ
-50°c et pour s’oxygéner, avec des systèmes respiratoires identiques à ceux des pilotes de chasse.
Durant la montée en altitude et le positionnement de l’avion largeur, les paras subissent une longue phase de dénitrogénation qui leur permet d’évacuer une partie de l’azote présent dans leur organisme. Sans l’extraction de ce gaz ils s’exposeraient en effet lors de leur rapide descente dans l’atmosphère à des problèmes physiologiques identiques aux accidents de décompression des plongeurs sous-marins.
Une fois sortis de l’avion, la plupart du temps les chuteurs ouvrent rapidement leur parachute pour entrer en phase d’Infiltration Sous Voile, et ainsi, de s’insérer furtivement de plusieurs dizaines de kilomètres dans le dispositif adverse.
Le terme Anglais de cette technique est
H.A.H.O. – Hight Altitude-Hight Opening – soit « Haute Altitude-Ouverture Haute ».
Si les chuteurs s’infiltrent uniquement en chute, à la verticale de leur objectif, en ouvrant leur parachute selon les normes « classiques » vers 1.000 mètres/sol on parle alors de saut
H.A.L.O. - Hight Altitude-Low opening – soit « Haute Altitude-Ouverture Basse »…
En France, seulement une centaine de chuteurs sont qualifiés S.O.T.G.H. Une cinquantaine au sein du C.O.S. dans les unités spéciales du 1er R.P.I.Ma et du 13ème R.DP. de l’armée de terre, au sein du Commando Hubert de la marine et du C.P.A. 10 de l’armée de l’air.
Une autre cinquantaine au sein des différents régiments de la 11ème Brigade Parachutiste : 17ème R.G.P., 1er R.C.P., 1er R.H.P., 2ème R.E.P., 3ème et 8ème R.P.I.Ma, etc… et des commandos de l’air.
Le service action de la D.G.S.E. possède également son équipe de chuteurs S.O.T.G.H., surement les plus souvent « employés » sur le terrain….
L’infiltration sous voile - I.S.V.L’infiltration Sous Voile ou H.A.H.O. consiste à ouvrir le parachute quelques secondes après avoir quitté l’avion largeur.
Le saut s’effectuant à haute altitude, les commandos peuvent ainsi s’infiltrer en toute discrétion sur plusieurs dizaines de kilomètres en territoire hostile. On établit une corrélation de 40 à 50 kilomètres de pénétration possible pour un saut entre 8.000 et 10.000 mètres.
Dès qu’ils sont « Sous Voile », le premier chuteur gère la navigation vers la zone de posé au moyen de son S.N.C.O. (G.P.S., compas et altimètre) qu’il porte sur une planchette fixée sur la gaine ventrale. Ses coéquipiers n’ont plus qu’à le suivre…
Effectué de nuit, ce système de mise en place d’un groupe est vraiment redoutable car indétectable à la « signature radar » et s’effectuant dans le plus grand silence…
Amitiés parachutistes
RAGUS60