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| Afghanistan, l'embuscade d'Uzbin au tribunal | |
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La Citadelle confirmé
| Sujet: Afghanistan, l'embuscade d'Uzbin au tribunal Sam 10 Déc 2011 - 22:38 | |
| Afghanistan, l'embuscade d'Uzbin au tribunal
La cour d'appel de Paris doit décider lundi si un juge poursuit ses investigations pour faire la lumière sur la mort de neuf soldats.
C'est un procès dont l'armée française ne veut pas. Lundi, à huis clos, la cour d'appel de Paris devra décider si oui ou non un juge doit poursuivre ses investigations pour établir si des fautes ont été commises lors des combats d'Uzbin en Afghanistan. Ce 18 août 2008, l'armée française connaissait son plus lourd bilan dans une embuscade depuis celle Palestro en Algérie le 18 mai 1956 avec 17 morts.
Durant une reconnaissance sur le terrain, neuf soldats de la section Carmin 2 du 8e RPIMa (régiment de parachutistes d'infanterie de marine) tombaient sous le feu et vingt et un autres étaient blessés dans une embuscade tendue par des insurgés afghans du groupe Hezb-e-Islami Gulbuddin. Comme après Palestro, les Français prenaient soudain conscience que leurs soldats livraient une guerre.
Les plaignants sont des pères, des mères ou des épouses de soldats du 8e RPIMa de Castres. Ils avaient d'abord adressé une plainte le 2 novembre 2009 au procureur de la République près le tribunal aux armées de Paris visant "la mise en danger délibérée de la personne d'autrui". Plainte rapidement classée sans suite, le procureur soulignant qu'il "est par essence infondé de soutenir qu'envoyer des hommes au combat dans une zone de conflit armé exposée et sensible pour l'accomplissement de leur mission militaire pourrait caractériser un acte de mise en danger de la vie d'autrui pénalement répréhensible, quelles qu'en soient les circonstances". "Il y a eu des erreurs"
Que reprochent les plaignants à l'armée ? Ils s'appuient notamment sur le livre de Frédéric Pons (1), colonel de réserve dans les parachutistes et grand reporter, l'un des mieux informés sur les opérations françaises en Afghanistan, qui pointe des "erreurs et des fautes" de commandement avant et pendant le drame d'Uzbin : aucune reconnaissance aérienne n'a eu lieu avant la mission, notamment par des drones, il n'y a pas eu d'héliportage de soldats sur les crêtes afin d'éviter une embuscade, les hélicoptères français étant utilisés le jour de l'opération pour une inspection de hauts gradés : "Les Français ont très peu de renseignements", déclarera Frédéric Pons dans une interview. Le général Michel Stollsteiner, alors patron des Français en Afghanistan, admettra également que le commandement a "péché par excès de confiance" dans une zone considérée comme sécurisée, la capacité de mobilisation et la puissance de feu des insurgés n'ayant pas été assez prises en compte.
Concernant le matériel, les soldats français vont également connaître de nombreux problèmes : s'ils emportent leur dotation normale de munitions, ils n'ont pas de quoi soutenir un combat aussi long et acharné. Idem pour les véhicules de l'avant blindé (VAB) qui, du bas de la montagne, tentent d'appuyer leurs camarades coincés sous le feu ennemi, mais vont, eux aussi, se trouver à court de munitions. Pour ne rien arranger, l'absence de mortiers empêche tout appui-feu.
Enfin, dernier point, une absence de coordination sur le terrain et de commandement entre deux sections de l'armée nationale afghane (Ana), alliée des Français, les deux sections françaises et les douze hommes des forces spéciales américaines : "Personne ne commandait vraiment", estimera Frédéric Pons. Aujourd'hui, s'il déclare "comprendre les victimes", il désavoue néanmoins cette plainte. "Il y a eu des erreurs, mais je ne pense pas qu'elles soient pénalement répréhensibles."
Devant le refus du procureur, les familles se constituent alors partie civile devant le doyen des juges d'instruction du tribunal aux armées de Paris, ajoutant à leur plainte initiale que les faits peuvent être assimilés à "un non-empêchement de crime, tel que défini par l'article 223-6 du Code pénal". Même réaction du procureur de la République qui, le 5 octobre 2010, refuse d'informer. "On nous a menti"
"Depuis le premier jour dans cette procédure, l'armée et l'État français ont fait le pari de l'obstruction", constate maître Gilbert Collard, le défenseur des familles de soldats tués. "On nous a menti de façon éhontée, ajoute Joël Le Pahun, père de l'une des victimes. Je n'en veux pas à l'armée, mais aux officiers qui ont commis des fautes." Des griefs qui hérissent au plus haut point l'état-major et le ministère de la Défense. Pour eux, toutes les explications ont été données et, surtout, le risque vital est inhérent au métier de soldat.
Mais le premier grain de sable dans la mécanique de la justice militaire va venir de l'avis discordant du juge d'instruction, Frédéric Digne, qui, le 23 mars 2011, estime qu'une instruction devait être ouverte en rappelant les dispositions de l'article L.324-3 du Code de justice militaire : "Si la mission a été manquée par négligence, ou si le coupable s'est laissé surprendre par l'ennemi, ou, du fait de sa négligence, s'est séparé de son chef en présence de l'ennemi ou a été la cause de la prise par l'ennemi du bâtiment de la marine ou de l'aéronef militaire placé sous ses ordres ou à bord duquel il se trouvait, il est puni d'un emprisonnement de trois ans ou, s'il est officier, de la destitution."
Bref, même les militaires, y compris dans le cadre d'un conflit, sont susceptibles d'être punis s'ils ont commis des fautes dans l'organisation d'une mission. Encore une fois, le procureur de la République choisira de faire appel de cette décision. La cour d'appel va-t-elle le suivre ou laissera-t-elle un juge enquêter sur les fautes commises ce jour-là ? C'est tout l'enjeu de l'audience de lundi.
(1) Opérations extérieures. Les volontaires du 8e RPIMa, Frédéric Pons, Presses de la Cité, 2009 Article du Magazine LE POINT
Curieux, les positions de Bernard PONS L.C. | |
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