Chokr, Aqil et Nasrallah éliminés : Israël a vengé nos 58 parachutistes du Drakkar30 septembre 2024 Henri Dubost LÉGITIME DÉFENSE 19
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Hommage national aux 58 parachutistes français du Drakkar. Cour d’honneur des Invalides, le 2 novembre 1983Le 23 octobre 1983, deux attentats-suicides frappent à peu d’intervalle les contingents américain et
français de la Force multinationale de sécurité de Beyrouth (FMSB). Ils sont revendiqués par le Mouvement
de la révolution islamique libre puis par l’Organisation du Jihad islamique. La responsabilité de l’Iran et
du Hezbollah ne fait mystère pour personne. Le premier attentat tue 241 soldats américains, le second
58 parachutistes français ainsi que 6 Libanais.
L’attentat du Drakkar aurait été un acte de représailles de l’Iran au prêt à l’Irak par la France d’avions
de combat Super-Étendard équipés de missiles Exocet et accompagnés de pilotes instructeurs français.
À l’origine secrète, l’opération Sugar aurait été rendue publique par une indiscrétion gouvernementale,
ce qui aurait conduit l’Iran à se considérer en guerre avec la France. Selon le général François Cann,
qui commandait la FMSB à l’époque, une autre raison aurait été l’interruption unilatérale par la France
du contrat Eurodif signé avec le Shah d’Iran et gelé au moment de l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeini.
Rappelons que Giscard d’Estaing, dans sa grande bonté, avait offert l’asile politique à Khomeini. Belle
exemple d’aveuglement politique de personnalités prétendument de droite. C’est le même Giscard qui
a provoqué l’invasion de notre pays par le regroupement familial. Mais c’est une autre histoire.
La force multinationale de sécurité avait déjà été attaquée à plusieurs reprises avant les deux attentats
simultanés du 23 octobre. Ces attaques, individuelles ou concertées, avaient coûté la vie à dix-huit
soldats français, huit Marines américains et un soldat italien.
La force française est composée de cadres aguerris et d’appelés volontaires du 1er régiment de
chasseurs parachutistes. Ils ont installé un de leurs cantonnements dans l’immeuble Drakkar de
huit étages situé dans le quartier de Ramlet El Baida, qu’ils ont baptisé « poste Drakkar ».
À environ 6 h 18, un attentat au camion piégé touche le contingent américain du 1er bataillon
du 8e régiment des Marines rattaché à la 24e Marine Amphibious Unit (MAU) basée à l’aéroport
international de Beyrouth. Il cause la mort de 241 personnes dont 220 Marines, 18 marins de
la marine américaine, 3 soldats de l’armée de terre et en blesse une centaine d’autres.
Quelques minutes plus tard, l’immeuble « Le Drakkar » est soufflé par une énorme explosion
qui tue 58 parachutistes français et 6 civils libanais.
L’analyse des photos des décombres permet à des spécialistes d’établir la présence d’explosifs
sous le bâtiment. Les sous-sols de Beyrouth, comme beaucoup de lieux de conflits, disposaient
à l’époque de nombreux souterrains. Ainsi les explosifs auraient pu être installés quelques heures
avant l’attentat. On peut s’étonner que, le sachant, les services spéciaux français n’aient
pas inspecté et sécurisé les sous-sols de l’édifice avant l’installation de nos soldats.
Incompétence ou complicité ?
Le président François Mitterrand se rend sur place le lendemain pour apporter son soutien
au contingent français. Un grand hommage dans la cour d’honneur des Invalides a lieu en
présence de la classe politique le 2 novembre 1983.
En représailles, le service Action de la DGSE, dirigé par le colonel Jean-Claude Lorblanchés
, aurait organisé une opération « homo », dans la nuit du 6 au 7 novembre 1983, à l’aide
d’une Jeep bourrée de 600 kilos d’explosifs qui devait exploser devant le mur d’enceinte
de l’ambassade d’Iran à Beyrouth. L’opération – nom de code : « Opération Santé » – est un échec :
à cause d’un problème technique, la Jeep n’explosa pas.
La seconde riposte est l’opération « Brochet», le 17 novembre 1983 : huit Super-Étendard
de la Marine nationale décollant du porte-avions Clemenceau effectuent un raid sur la
caserne Cheikh Abdallah, une position des gardiens de la révolution islamique iranienne et
du Hezbollah dans la plaine de la Bekaa. Ils larguent, selon les sources ouvertes, une
trentaine de bombes qui tuent une dizaine de miliciens chiites et une douzaine de soldats
iraniens, mais la caserne a été désertée par la majorité de ses occupants, prévenus du
raid par une fuite d’un diplomate français proche du ministre des Affaires étrangères
Claude Cheysson, opposé à toute riposte militaire.
Deux ripostes qui ont donc fait long feu. Les choses sérieuses viendront du côté des
Américains, 25 ans plus tard, et des Israéliens, 41 ans plus tard… :
Imad Moughniyah, considéré comme le principal responsable des deux attentats de 1983,
est tué dans un attentat à la bombe, le 12 février 2008. Attentat planifié par la CIA.
Le 30 juillet, lors de frappes aériennes sur Beyrouth, Israël élimine Fouad Chokr. Les 20
et 27 septembre 2024, Ibrahim Aqil et Hassan Nasrallah sont tués lors de bombardements
israéliens sur Beyrouth-Sud. Chokr et Aqil ont été des planificateurs et exécutants de
l’attentat du Drakkar. Nasrallah était depuis 30 ans le chef (« charismatique », dixit
Le Monde…)
du Hezbollah. Ça n’est certes pas pour venger les parachutistes du Drakkar que le
Premier ministre Benyamin Netanyahu a ordonné ces opérations, mais on ne va quand
même pas bouder son plaisir pour autant. On remarquera qu’il a fallu moins d’un an à
Israël pour éliminer en quasi-totalité le Hamas, et porter des coups très durs au Hezbollah.
Henri Dubost