Emile Bouétard, première victime du Débarquement, mort en Bretagne
AFP 5 juin 2014 à 13:40 (Mis à jour : 5 juin 2014 à 15:11)
Des anciens combattants parachutistes français qui avaient agi en lien avec la résistance bretonne en juin 1944 se recueillent, le 05 juin 2004 à Plumelec, lors de la cérémonie de commémoration du caporal Emile Bouétard (Photo Valery Hache. AFP)
Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a ouvert jeudi matin les hommages officiels du 70e anniversaire du Débarquement en célébrant... en Bretagne la mémoire du caporal Emile Bouétard, Breton considéré comme le premier mort du «D Day».
Une cérémonie à la mémoire de ce soldat considéré, avec ses camarades de la France libre intégrés dans le SAS (Special Air Service) britannique, comme les premiers «commandos» terrestres français, s’est déroulée en début de matinée jeudi à Plumélec, dans le sud de la Bretagne, soit à plus de 240 km de la plage du Débarquement la plus proche.
Emile Bouétard a trouvé la mort dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, alors qu’il venait d’être parachuté avec huit autres hommes pour participer à une opération destinée à faciliter le débarquement en Normandie en «fixant» les quelque 150.000 soldats Allemands qui occupaient alors la Bretagne.
«Le caporal Emile Bouétard, blessé au combat, est achevé par l’ennemi conformément aux ordres qu’avait donné Hitler: il est alors minuit 40 (le 6 juin 1944, ndlr). A 29 ans, ce jeune Breton originaire des Côtes d’Armor est le premier homme à mourir pour le Débarquement», a expliqué M. Le Drian.
«Ce qui m’émeut particulièrement ce matin ici, c’est qu’en fait, c’est le début de la libération du pays qui commence en Bretagne, à Plumélec, et qui se terminera le 9 mai 1945, à Lorient, dernière ville libérée», a ajouté M. Le Drian après la cérémonie, en présence d’anciens combattants. «C’est pour moi, Breton, très émouvant».
Plusieurs membres de la famille d’Emile Bouétard étaient présents, très émus, dont une de ses nièces qui avait apporté avec elle la plaque militaire de son oncle, né en 1915 à Pleudihen (Côte d’Armor). «Celle-là, j’y tiens, parce qu’il l’avait vraiment au poignet quand il est tombé», a expliqué Anne-Marie Delambily en la sortant d’une main tremblante de son sac.
- «Who dares wins» -
«Cette mission était osée et risquée étant donnée la concentration importante des troupes allemandes en Bretagne», a souligné le général de brigade Pierre Liot de Nortbecourt, qui commande les forces spéciales de l’armée de terre. «Une sentinelle allemande a donné l’alerte, une opération de ratissage a été engagée: le caporal Bouétard a reçu pour mission d’assurer la protection des trois radios», a-t-il raconté. «Le combat s’est engagé à 150 Allemands contre quatre commandos SAS... Piégés, les parachutistes ont fait usage de toutes leurs armes, et Emile Bouétard a lancé toutes ses grenades».
Blessé à l’épaule et à la cuisse, il est, aussitôt après la reddition des trois radios, achevé par un soldat géorgien enrôlé dans l’armée allemande.
Les forces spéciales d’aujourd’hui, en particulier le 1er RPIMa (régiment parachutiste d’infanterie de marine), qui était représenté à cette cérémonie d’hommage, se considèrent comme les héritiers de ces «SAS» français. Le 1er RPIMa a du reste conservé à ce jour la devise des SAS: «Who dares wins» (Qui ose, gagne).
Après un passage en revue des anciens combattants parachutistes puis des hommes représentant l’actuel 1er RPIMa, Jean-Yves Le Drian a déposé une gerbe de fleurs devant la stèle érigée à la mémoire d’Emile Bouétard au bord d’une petite route de campagne de la commune de Plumélec, tout près de l’endroit où il est mort. Puis la sonnerie aux morts a retenti, suivie d’une Marseillaise chantée par tous les soldats présents.
Emile Bouétard a été enterré dans son village natal à Pleudihen où une stèle a été érigée à sa mémoire.
Vingt chefs d’Etat et de gouvernement se retrouvent vendredi en Normandie pour célébrer le 70e anniversaire du Débarquement allié et rendre hommage aux quelque 3.000 soldats alliés et autant de civils normands morts dans la journée du 6 juin.
AFP
Voir la vidéo ICI dans LIBERATION