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| Que s'est-il passé au Rwanda il y a 25 ans? Il y a 25 ans débutait le génocide au Rwanda qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU - | |
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Bonnot confirmé
| Sujet: Que s'est-il passé au Rwanda il y a 25 ans? Il y a 25 ans débutait le génocide au Rwanda qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU - Ven 5 Avr 2019 - 15:11 | |
| Que s'est-il passé au Rwanda il y a 25 ans? Il y a 25 ans débutait le génocide au Rwanda qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU - © JACQUES NKINZINGABO - AFP rtbf.be Laurence Brecx Le 6 avril 1994 dans la soirée, une explosion retentit au dessus de Kigali, la capitale du Rwanda. C'est un avion qui vient d'être abattu. À son bord, le président Juvenal Habyarimana ainsi que son homologue burundais. Ils reviennent d'une visite à Arusha en Tanzanie. La mort du Président rwandais servira de détonateur ou de prétexte au déchaînement de la violence. 25 ans plus tard, on ne sait toujours pas qui est responsable de sa mort. Ce qui est certain par contre, c'est que dans les heures qui suivent, des barrages apparaissent sur les routes de Kigali. Des hommes armés de machettes entament une véritable chasse aux Tutsis. Très rapidement les massacres se répandent dans tout le pays. Le génocide commence. Newsletter RTBF Info - AfriqueChaque semaine, recevez l’essentiel de l'actualité sur le thème de l'Afrique. Toutes les infos du continent africain bientôt dans votre boîte de réception. Débris du Falcon 50 transportant Juvénal Habyarimana, Kigali avril 1994 - © Tous droits réservés Hutus, Tutsis, Twa: ceux qui composent le RwandaIl faut remonter dans le temps pour comprendre cette explosion de violence. Le Président est un Hutu. Au pouvoir depuis 1973. Les Hutus sont majoritaires au sein de la société rwandaise. Deux autres minorités existent : les Tutsis et les Twa. Des ethnies ? Des catégories sociales plutôt. Exacerbées par les colonisateurs allemands puis belges. Diviser pour régner : la responsabilité des colonisateurs Aux origines, les Hutus sont des cultivateurs. Ils sont les plus pauvres et les plus nombreux au sein de la population. Les Tutsis quant à eux sont des pasteurs, dans le sens qu'ils possèdent du bétail, ce qui a énormément de valeur. Au fil des siècles, leur coexistence n'est pas parfaite mais ils ne connaissent aucun massacre de grande ampleur contrairement à ce qui se passe dans d'autres régions. Le territoire passe sous contrôle allemand à partir de 1886 puis, à la fin de la première guerre mondiale, c'est la Belgique qui reprend le pouvoir de ce petit territoire. Les méthodes sont les mêmes, favoriser les Tutsis et privilégier ceux qui acceptaient l'ordre colonial. Les Hutus ayant des postes importants sont écartés. Une politique menée jusque dans les années '50. Des cartes d'identité sont instaurées par les Belges. Elles mentionnent Hutus ou Tutsis. Un comptage "ethnique" est même réalisé, 14% de la population seraient Tutsi, 85% Hutu. Hutus, Tutsis, Twa: des catégories sociales utilisées pas les autorités coloniales et inscrites sur les cartes d'indentité - © JACQUES NKINZINGABO - AFP Le pouvoir passe aux mains des HutusÀ l'indépendance, les Hutus, largement majoritaires, prennent le pouvoir. Une chasse aux Tutsis commence immédiatemment et fait à l'époque, plusieurs milliers de morts. Certains Tutsis fuient, vers l'Ouganda notamment. C'est en 1973 que Juvenal Habyarimana, général hutu, s'empare du pouvoir grâce à un coup d'état militaire. Il prend la tête d’une dictature corrompue qui laisse une énorme partie de la population dans la misère. Il est en revanche soutenu par les puissances étrangères. En 1990, le FPR (Front patriotique rwandais) surtout composé des Tutsis qui avaient fui en Ouganda, se lance dans une lutte armée. Une guerre civile éclate. Après 3 ans de combats, les accords d'Arusha sont signés entre le FPR et le pouvoir en place. Ils doivent permettre d'intégrer au fur et à mesure les membres du FPR tant au niveau politique que militaire. Une mission de l’ONU, la Minuar est chargée de faire respecter cet accord de paix. Les casques bleus déployés sont en grande partie des para-commandos belges. Mais le Président Habyarimana semble très réticent à l’idée de lâcher le pouvoir. Dans son entourage, la perspective de collaborer avec les membres du FPR passe très mal. Des Hutus extrémistes commencent à armer des jeunes gens dans les villages. Ils les entraînent, s’organisent, ce sont les milices interhamwes. "L'élimination des cafards" La propagande anti-tutsi est massive. Et simpliste : " si vous ne tuez pas les Tutsis, ce sont eux qui vous tueront ". Une propagande haineuse qui trouve un écho auprès d'une population qui se considère comme laissée pour compte au sein de la société rwandaise. Les messages passent notamment par la radio Milles collines qui diffuse constamment un discours de haine. Il faut " éliminer les cafards ". Quand l’avion du président est abattu le 6 avril 1994, c’est le signal du départ au massacre. Les milices interhamwes exécutent massivement les Tutsis et les Hutus modérés dont les noms sont inscrits sur des listes. "Pour tous ceux-là, le génocide est la meilleure chose qui puisse arriver. Ils peuvent avec la bénédiction d'une espèce d'autorité, prendre leur revanche sur des individus socialement puissants. (...) Ils peuvent voler, ils peuvent tuer sans avoir trop à se justifier, ils peuvent violer et ils peuvent se saouler gratuitement. C'est merveilleux. Les objectifs politiques des instigateurs de ce sinistre carnaval les dépassent complètement." déclare Gérard Prunier dans son ouvrage Rwanda, histoire d'un génocide. En quelques heures des barrages apparaissent sur les routes, armés de machette des Hutus extrémistes se lancent dans la chasse aux Tutsis et aux Hutus opposés au régime - © Tous droits réservés Les para-commandos belgesUne fois l'avion présidentiel abattu, la rumeur se répand très rapidement que ce sont les soldats belges qui sont responsables. Malgré cela, on confie à un bataillon de 10 paras belges la mission d'escorter la Première ministre Agathe Uwilingiyimana jusqu'à la station de radio Rwanda où elle doit prendre la parole très tôt le matin. Arrivés à son domicile, ils sont encerclés par des soldats rwandais qui ouvrent le feu. Ils seront fait prisonniers et emmenés vers le camp Kigali. La rumeur se répand qu'ils sont responsables de l'attaque contre l'avion du président. Une foule encercle le bâtiment et tente de les lyncher. Ils résisteront plusieurs heures. Dans l'après-midi du 7 avril, les corps mutilés des 10 para-comma,ndos belges sont transportés vers la morgue de l’hôpital. Impacts de balles sur le bâtiment de camp Kigali où les 10 paras belges ont été tués le 7 avril 1994 - © ERIC LALMAND - BELGA Les 100 joursEntre avril et juillet 1994, l’ONU estime qu’au moins 800.000 personnes ont été tuées. Il reste tellement de zones d’ombre et de questions dans ce génocide que même le nombre exact de victimes n’est pas connu. Beaucoup d’experts et d’organisations estiment que le million de morts a été dépassé. En une centaine de jours. Les massacres prendront fin lorsque le FPR s’empare de Kigali. Avec Paul Kagame, le Tutsi, à sa tête. Un quart de siècle plus tard, il est toujours au pouvoir. Comment rendre justice? Après avoir ignoré ou minimisé la gravité des événements, la communauté internationale veut juger les coupables. Elle créée le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui siégera à Arusha en Tanzanie. Sur une période de 20 ans, 93 personnes sont jugées. Un TPIR très décrié, trop lent, trop cher, corrompu, peu efficace. La toute grande majorité des suspects sera jugée par des gacaca, les tribunaux traditionnels populaires . Entre 2005 et 2012, 2 millions de personnes, des exécutants accusés de crimes liés au génocide, seront jugés. 65% seront déclarés coupables. Les gacaca, tribunaux populaires ont jugé 2 millions de personnes - © Tous droits réservés La fin d'un génocide et le début de l'exodeL'arrivée du FPR a mis fin au massacre des Tutsis en grande majorité mais aussi des Hutus qui étaient opposés au régime. Mais, soit parce qu'ils ont commis des crimes et qu'ils espèrent échapper à la justice, soit parce qu'ils ont peur de la vengeance et des représailles, 2 millions de rwandais en grande majorité des Hutus, se lancent sur les routes. Leur but: atteindre ce qui s'appelle alors le Zaïre, cet immense pays voisin où ils espèrent fuir. L'exode est tellement massif que 25 ans plus tard, cet immense pays voisin a beau avoir changé de nom, il s'appelle désormais la République démocratique du Congo, ses provinces de l'Est sont toujours très largement déstabilisées par les suites et conséquences du génocide au Rwanda. Deux millions de personnes, majoritairement des Hutus fuient vers le Zaïre voisin (aujourd'hui RDC) - © Tous droits réservés | |
| | | Pérignon Expert
| Sujet: Je suis complice de génocide mais je me soigne Sam 6 Avr 2019 - 23:06 | |
| Je suis complice de génocide mais je me soigne - Citation :
- En hommage au caporal-chef Eric Gaubert
Je remercie tous les idiots utiles de Paul Kagame qui n’écoutant que leur déontologie qui ne leur disait rien n’ont jamais hésité à se faire une petite gloire journalistique ou universitaire en s’attaquant à une cible aussi facile que les soldats de leur propre nation. Merci donc de m’avoir ouvert les yeux sur la manière dont je m’étais rendu coupable il y a désormais 25 ans et dont je n’avais nullement conscience à l’époque.
Alors jeune lieutenant chef de section d’infanterie de marine, j’ai passé tout l’été 1992 au Rwanda. Le pays faisait alors l’objet de la troisième grande offensive depuis 1990 du Front patriotique rwandais (FPR), ce mouvement formé d’exilés tutsis en Ouganda et qui, après avoir servi la prise du pouvoir de Yoweri Museveni à Kampala, retournait leurs armes en direction de Kigali. Dirigé initialement par Fred Rwigyema, le FPR était dirigé par Paul Kagame, revenu de formation militaire aux États-Unis à l’annonce du mystérieux assassinat de son prédécesseur par deux de ses officiers. Composé de vétérans aguerris, le FPR était un des derniers mouvements armés politisés et disciplinés issus des luttes pour les indépendances africaines et les réformes. Nous avions une certaine admiration pour ce groupe armé, de loin le plus fort que nous ayons eu à affronter depuis les Toubous au Tchad. Oui mais voilà, pour des raisons qui m’échappent encore le Président Mitterrand et son fils Jean-Christophe s’étaient pris de passion pour les Grands Lacs et ses régimes politiques, francophones du moins (n’hésitant pas par exemple six ans plus tôt à imposer un « carrefour du développement » franco-africain à Bujumbura, à l’origine d’un beau scandale politico-financier). À la demande du Président Habyarimana, un dictateur au pouvoir au Rwanda depuis 1973, le chef des armées françaises ordonna donc de contrer le FPR avec une force discrète. Ce fut le déclenchement de l’opération Noroit (ne cherchez pas dans la liste officielle des opérations extérieures, elle en a mystérieusement disparu).
Pendant trois ans donc, une force réduite d’une à trois compagnies selon l’ampleur de la menace, deux à trois batteries servies par des soldats rwandais, mais encadrées et commandées par des Français (avec notamment des canons égyptiens), quelques équipes de ce qui deviendra le commandement des opérations spéciales et quelques formateurs techniques, soit de 400 à peut-être 1 000 hommes suivant les époques, ont suffi pour contrer les avancées du FPR. Nous ne nous heurtions pas directement, le FPR comme nous-mêmes évitions le contact, mais nous les arrosions copieusement d’obus et nous aidions autant que possible les forces armées rwandaises (FAR) en plein développement en les renseignant, formant des cadres et en finançant des équipements venus de divers endroits, d’Afrique du Sud en particulier. Nous tenions aussi plusieurs points clés du nord du pays en arrière des FAR, sans au passage que cela en quoi que ce soit à une mission de contrôle de la population. Nous vivions dans des villages, où nous étions très bien accueillis, et jamais il ne nous serait venu à l’idée, par exemple, de contrôler des identités. J’ai le souvenir ému d’un instituteur nous remerciant de notre présence qui les protégeait... vingt minutes avant que nous abandonnions en urgence le village pour aller protéger une batterie d’artillerie en repli.
Nous écoutions aussi discrètement avec nos « grandes oreilles » tout ce que se disait sur les réseaux radios, avec, entre autres, l’espoir de prouver qu’il y avait des conseillers britanniques en face de nous. Ce « complexe de Fachoda » nous excitait alors beaucoup, mais je crains qu’il n’ait reposé sur des fantasmes ou plutôt que l’opposition anglo-saxonne à notre présence s’exerçât de manière plus subtile.
Alternant les missions sur la ligne de front et à Kigali, nous nous préparions aussi à protéger et évacuer les ressortissants, mission première et officielle de l’opération. Détail intéressant pour la suite, nous soupçonnions alors le FPR, qui disposait de missiles antiaériens portables SA-16, de vouloir infiltrer un commando dans la capitale afin d’abattre un avion de ligne. Nous occupions donc de temps en temps les sites susceptibles d’abriter des tireurs en fonction des renseignements reçus sur la vulnérabilité de tel ou tel avion. Deux ans plus tard, nous n’étions plus à Kigali (au contraire d’un bataillon du FPR à la suite des accords d’Arusha) et plus personne n’assurait cette mission.
Certains commentateurs ont parlé, par la suite, de volonté de l’armée française de « prendre sa revanche sur la guerre d’Algérie » (oui, je l’ai entendu) et même d’y imposer (ou d’inspirer) les méthodes de l’époque. En réalité, cette mission nous paraissait surtout d’une grande banalité et dans la droite ligne des nombreuses interventions directes ou plutôt, comme dans ce cas, en soutien indirect à des forces armées de régimes africains qui ne brillaient alors guère par leurs vertus démocratiques. Parler de la guerre d’Algérie à un intervenant quelconque de cette opération, quel que soit son grade, aurait suscité des yeux écarquillés d’étonnement, suivis sans doute de sarcasmes sur les effets de la recherche effrénée de scoops. Le même étonnement, suivi probablement d’une réaction plus vive, aurait également succédé à l’accusation de complicité de génocide. Ce n’était pas la forme de l’intervention militaire qui nous étonnait à l’époque mais l’évolution de la vie politique intérieure rwandaise.
Nos dirigeants de l’époque s’enorgueillissaient d’avoir imposé le multipartisme et donc la démocratie, au Rwanda (Constitution de juin 1991). C’est même la justification première que l’on retrouve encore aujourd’hui de notre engagement sur place. Je n’étais pas sûr pour ma part, à mon niveau de ras du sol, que ce fût une si bonne idée. Au Rwanda, comme ailleurs, la multiplicité imposée des partis avait engendré, non pas un processus de débats et d’élections (plus ou moins) apaisés comme chez nous mais au contraire une nouvelle violence qui s’ajoutait à celle de la guerre. Lors de nos déplacements, on voyait fleurir les casquettes mais aussi les drapeaux plantés au cœur des villages aux couleurs des partis. On voyait surtout régulièrement des manifestations, presque toujours virulentes. Au Rwanda comme dans beaucoup d’autres pays africains, la création de partis avait entraîné la formation de milices, souvent composées de jeunes, destinés à « appuyer » les (au sens premier) « batailles » électorales. En parallèle de l’accroissement des combats, l’année 1992 voyait ainsi se créer les Inkuba du Mouvement démocratique républicain (MDR), parti d’opposition avec qui le Président devait partager le pouvoir mais aussi les Abakombozi du Parti social-démocrate (PSD) et surtout les Interahamwe (« personnes de la même génération ») du Mouvement révolutionnaire national pour le développement (MRND), l’ancien parti unique du Président et les Impuzamugambi (« Ceux qui ont le même objectif ») de la Coalition pour la défense de la République (CDR), encore plus hostile aux Tutsis et à l’idée de négociations avec le FPR.
Nous étions très loin d’imaginer ce qui allait se passer par la suite mais l’idée de créer, en pleine guerre, des partis lancés dans une surenchère nationaliste et sur fond de paranoïa ethnique (largement alimenté par le spectacle du Burundi voisin) ne nous semblait pas forcément contribuer à aider le président Habyarimana à négocier la paix, toute concession passant pour une trahison. Il y est pourtant parvenu, après un an de négociations entrecoupées d’attaques du FPR et de contestations intérieures, avec les accords d’Arusha en août 1993. Paul Kagamé écrivait alors une lettre de remerciement au président Mitterrand.
On a cru alors à la possibilité de la paix, alors que ce n’était qu’un couvercle posé sur un volcan. La France profitait de l’occasion pour se retirer militairement, ne laissant sur place que quelques rares conseillers dans le cadre de la coopération, mais continuant à soutenir matériellement les FAR. Le détachement Noroît, qui assurait de fait la défense voire, indirectement, la stabilité, du pays, était remplacé par rien, c’est-à-dire la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR). Nous étions nombreux, surestimant sans doute notre rôle, à penser que notre départ n’augurait rien de bon.
Toute cette période de retrait voyait en effet accroître les violences, en particulier de la part des Interahamwe, de plus en plus nombreux, structurés et armés. Après l’assassinat du Président hutu Melchior Ndadaye en octobre 1993, le Burundi basculait dans de terribles affrontements interethniques (50 000 à 200 000 morts selon les estimations, largement passés à la trappe de l’Histoire), accroissant encore la paranoïa et la haine au Rwanda. Personne n’avait bougé pour le Burundi, personne ne bougerait pour le Rwanda. Le 6 avril, tout a basculé de la même façon avec la destruction de l’avion présidentiel par missiles SA-16 tuant le président Habyarimana et le nouveau président du Burundi, Cyprien Ntaryamira (ainsi que l’équipage de trois Français). Le lendemain deux sous-officiers français et une épouse étaient assassinés à Kigali.
Dans le même temps, le FPR lançait une nouvelle offensive, qu’il savait cette fois sans opposition réelle, et les Hutus radicaux organisaient l’assassinat des modérés et le massacre systématique de la population tutsie. La MINUAR, qui disposait pourtant de plus de 2 000 hommes, a écouté son courage, qui ne lui disait rien, et n’a rien fait. Pire, elle s’avérait même incapable de protéger la Première ministre Agathe Uwilingiyimana, ignoblement massacrée en même temps que dix Casques bleus belges qui avaient reçu l’ordre de déposer les armes devant la Garde présidentielle. La MINUAR ne tarderait pas recevoir l'ordre de fuir. Les soldats belges en profitaient pour déchirer leur béret bleu avant de monter dans l'avion.
Le bataillon FPR présent dans la capitale depuis le 11 avril, ne faisait pas grand chose non plus semble-t-il pour arrêter les massacres qui commençaient. La France de son côté évacuait 1 500 ressortissants européens et, plus étrangement, Agathe Habyarimana, certes veuve du président assassiné mais aussi d'une responsabilité écrasante dans le déclenchement des massacres. Ces massacres constituèrent alors une surprise non dans leur survenue mais dans leur horreur, leur ampleur et leur vitesse. À la mi-mai au moins 600 000 personnes avaient déjà été tuées.
À ma grande honte, ce génocide restait un spectacle pour le conseil de sécurité Nations-Unies que les membres permanents regardaient lâchement. Le Royaume-Uni et surtout les États-Unis, alliés objectifs de Museveni et Kagame (qui, en passant, a remplacé il y a peu le Français par l’Anglais comme langue officielle) freinaient toute intervention. C’est finalement la France qui s’y collait le 22 juin après quelques tergiversations internes. Le président Mitterrand et le général Quesnot, son chef d'état-major particulier, étaient favorables à une intervention, ainsi qu'Alain Juppé. Le Premier ministre Edouard Balladur et François Léotard ministre de la Défense, y étaient hostiles. Il fallut la certitude du caractère humanitaire de l'opération, une résolution des Nations-Unies et l'appui d'alliés africains pour obtenir l'approbation du gouvernement. Jean-Christophe Rufin était alors envoyé en ambassade discrète auprès de Kagame.
Sur le moment, je me félicitais que cette opération, quoique tardive, ait pu sauver plusieurs dizaines de milliers de personnes (mesure-t-on seulement l’énormité de cette performance, que personne n'évoque ?). Seule puissance à agir, c’était tout à l’honneur de la France. Rétrospectivement, je suis plus partagé. Avec les moyens limités, les 2 500 soldats français (soit 0,03 % de la population rwandaise) et quelques centaines de camarades africains n’ont évidemment pu empêcher des atrocités de continuer à se produire malgré tout. De l’accusation d’impuissance, il était alors facile de passer à celle de complicité. Surtout, comment concevoir de revenir en position de neutralité (qui au passage n’empêche pas de disposer de moyens puissants au cas où) dans un territoire dans lequel on avait combattu un an plus tôt. Les missions d’interposition ne fonctionnent généralement pas, elles fonctionnent encore moins lorsqu’on se retrouve entre un ancien adversaire et un ancien allié que l’on met par ailleurs sur un plan d’égalité avec peut-être cette idée absurde qu’il est encore possible de revenir à la situation précédente.
Par quelle folie pouvait-on imaginer que le FPR n’allait pas profiter de la situation pour accuser- non sans raisons- l’Élysée de vouloir sauver ses anciens amis, à commencer par Agathe Habyarimana ? Par quel aveuglement notre acharnement à soutenir le pouvoir hutu en place, quel qu’il soit, n’allait pas faire la matière de livres à succès ? Par quelle naïveté n’a-t-on pas vu qu’en intervenant, même de bonne foi et avec les meilleures intentions du monde, on en prendrait pour trente ans d’accusations, notamment chaque fois que Kagamé et le FPR commenceraient à être suspectés de quelques mauvaises actions.
J’ignore si on a continué à aider le gouvernement rwandais après le début des massacres et même après l’embargo du 19 mai. Ce qui est certain c’est que si c’est le cas cela n’a guère aidé les Hutus réfugiés au Zaïre lorsque la nouvelle armée rwandaise est venue nettoyer leurs camps, provoquant un nouvel exode et, à nouveau, la mort de centaines de milliers de Rwandais, dans l’indifférence générale cette fois. Le million de réfugiés était probablement autant de génocidaires.
Quand je pense finalement au Rwanda, j’ai honte. Pas pour les soldats qui ont exécuté leurs missions et toujours dans l’honneur, mais pour ceux qui les ont envoyés là-bas pour des raisons qu’ils n’ont jamais sérieusement expliquées. J’ai honte pour la légèreté, la naïveté, voire l’incompétence de nos dirigeants politiques dans cette affaire qui les a toujours dépassés. De Beyrouth à Sarajevo, l’ère Mitterrand a été riche en fiascos militaires, celui du Rwanda, avec des conséquences différentes, en constitua le dernier exemple. J’ai honte pour ceux qui ont lâchement fait disparaître le nom de l’opération Noroit de la liste des opérations. J’ai honte, sans être surpris, par l’inaction et la lâcheté de la force des Nations-Unies au Rwanda. J’ai honte pour les États-Unis qui ont toujours soutenu Kagame et bien fait profiter leurs multinationales du chaos sanglant de la région du Kivu. J’ai honte pour ceux qui se font une gloire sur l’accusation sur leur propre pays, sans regarder l’inaction des uns et les crimes des autres. Combien de temps les soldats français, sans aucun doute les moins concernés, seront-ils encore les seuls à subir des accusations dans ce supermarché de l’ignominie ?
Colonel Michel GOYA https://lavoiedelepee.blogspot.com/2017/07/je-suis-complice-de-genocide-mais-je-me.html#comment-form | |
| | | le 6 Expert
| Sujet: Re: Que s'est-il passé au Rwanda il y a 25 ans? Il y a 25 ans débutait le génocide au Rwanda qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU - Dim 7 Avr 2019 - 8:04 | |
| On ne peut aller que dans le sens du Colonel Goya ...
Merci Pérignon de nous avoir trouver ce texte . | |
| | | FOUQUET66 Expert
| Sujet: Re: Que s'est-il passé au Rwanda il y a 25 ans? Il y a 25 ans débutait le génocide au Rwanda qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU - Dim 7 Avr 2019 - 9:12 | |
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| | | Charly71 Expert
| Sujet: Re: Que s'est-il passé au Rwanda il y a 25 ans? Il y a 25 ans débutait le génocide au Rwanda qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU - Lun 8 Avr 2019 - 6:10 | |
| Quel réquisitoire ! Merci au Colonel Michel Goya , et à Pérignon de nous le mettre ici. | |
| | | Fombecto Expert
| Sujet: Re: Que s'est-il passé au Rwanda il y a 25 ans? Il y a 25 ans débutait le génocide au Rwanda qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU - Lun 8 Avr 2019 - 8:06 | |
| Rwanda : calomniez la France, il en restera toujours quelque chose ! Il y a 25 ans a été perpétré, au Rwanda, un terrible génocide. Le Rwanda est une ancienne colonie belge connue pour ses rivalités historiques entre les Tutsis minoritaires mais choisis par le pouvoir colonial pour contrôler le pays sur la majorité hutue. La France a entretenu une coopération militaire avec le régime de Juvénal Habyarimana – président hutu – pendant des années alors qu’il faisait face à des attaques militaires du FPR – des Tutsis dirigés par Paul Kagame – à partir de l’Ouganda. La France a été très fortement critiquée pour son action, surtout par les médias et ONG anglo-saxons et des intérêts industriels dont l’objectif avéré est d’éliminer la présence française de cette région ; il ne faut pas être naïfs ! L’Élysée a décidé, aujourd’hui, de nommer une commission pour établir la vérité sur la tragédie du génocide du Rwanda en 1994 où les Hutus et Tutsis se sont massacrés réciproquement, et qui fit sans doute près d’un million de morts. La France a été accusée de toutes les turpitudes dans cette tragédie, mais c’est oublier un peu vite que la France a été la première – après le pape – à parler de génocide, au grand dam des Américains qui ne souhaitaient pas qualifier ces massacres de génocide, car une telle qualification oblige les États à intervenir. La France, après les décisions du Conseil de sécurité des Nations unies, a été le seul pays à intervenir sur le terrain pour faire arrêter les massacres perpétrés des deux côtés, par les Tutsis et les Hutus (opération Turquoise). J’ai participé à la mission d’information de l’Assemblée nationale, dont le rapport a été rendu public le 15 décembre 1998. Cette mission a duré six mois et ma profonde conviction est la suivante : la France n’a pas à rougir de son action au Rwanda, et ce, d’autant plus qu’elle n’avait aucune troupe sur place aux moments des faits. Bien plus, le président de la République François Mitterrand poussait le gouvernement de Juvénal Habyarimana à trouver un accord politique avec Kagame pour des élections, ce qui devait se concrétiser dans les accords d’Arusha, élections dont Kagame ne voulait en aucun cas, préférant prendre le pouvoir par la force – ce qu’il fit ! Lorsque l’avion du président rwandais Habyarimana a été abattu le 6 avril 1994, François Mitterrand a déclaré qu’il craignait le pire ; il a alors ordonné l’évacuation de tout le personnel de l’ambassade, personnel diplomatique et Africains hutus et tutsis ; c’est l’opération Amaryllis du 8 avril 1994 : plus de 1.400 Européens et Africains ont été évacués, qu’ils soient hutus ou tutsis ! La commission nommée par l’Élysée devrait accéder à toutes les archives françaises, très bien ! Mais, dans ce cas, il serait utile et très intéressant d’accéder aux archives rwandaises, si elles existent encore. Car Paul Kagame, l’actuel chef de l’État rwandais, qui a militairement attaqué le Rwanda à partir de l’Ouganda, et a été armé par les Américains, a éliminé, depuis, ses propres complices en les faisant assassiner. C’est le cas de son chef des services de renseignement Patrick Karegeya, retrouvé mort à Johannesburg en Janvier 2014, alors qu’il affirmait que Kagame était responsable de la mort de Juvénal Habyarimana ! Dans cette tragédie, la France – tous gouvernements confondus – n’a pas à rougir de son action, bien au contraire. En revanche, il est incompréhensible que le gouvernement actuel fasse la cour à Kigali et à un régime qui n’a de cesse de vomir sur la France. Récemment encore, Paul Kagame, afin de masquer les très graves accusations de la Justice française – enquêtes du juge Bruguière -, a demandé au cabinet d’avocats américain Cunningham Levy Muse un rapport à charge contre la France. Ce rapport du 13 décembre 2017 recommande à Paul Kagame de poursuivre ses investigations contre les responsables français ! Ce n’est là, en réalité, qu’un écran de fumée pour masquer ses propres crimes ! « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose », comme on dit depuis Beaumarchais. Mais il y a une chose plus forte que la calomnie, c’est la vérité. Eh bien, Monsieur Kagame, ouvrez donc vos archives aux historiens… si elles n’ont pas été détruites opportunément ! source Bd VOLTAIRE par Jacques MYARD _________________ « A la Grèce, nous devons surtout notre raison logique. A Rome, nos maximes de droit et de gouvernement. Mais à l'Evangile nous devons notre idée même de l'homme. Si nous renions l'Evangile, nous sommes perdus. » Maréchal de Lattre de Tassigny (mort le 11 janvier 1952).
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| | | le 6 Expert
| Sujet: Re: Que s'est-il passé au Rwanda il y a 25 ans? Il y a 25 ans débutait le génocide au Rwanda qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU - Mar 9 Avr 2019 - 8:16 | |
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La dernière photo ... manquaient pas de " canifs " nos boy's !
Belle analyse de la source Bd VOLTAIRE ...
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| | | | Que s'est-il passé au Rwanda il y a 25 ans? Il y a 25 ans débutait le génocide au Rwanda qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU - | |
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