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« ... Le devoir de mémoire incombe à chacun...rendre inoubliable. Ceux qui sont morts pour que nous vivions ont des droits inaliénables. Laisser la mémoire se transformer en histoire est insuffisant. Le devoir de mémoire permet de devenir un témoin... »
PARIS (AFP) - vendredi 06 novembre 2009 - 16h07 - L'avocat des familles des victimes du bombardement en 2004 du camp militaire français de Bouaké, en Côte d'Ivoire, espère que la juge d'instruction chargée de l'enquête pourra entendre prochainement Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense à l'époque. "Elle va sûrement l'être, c'est une question de calendrier", a dit vendredi Me Jean Balan, avocat de plusieurs familles de victimes. Neuf militaires français et un civil américain ont été tués le 6 novembre 2004, lors d'un bombardement du camp de l'armée française par deux Sukhoï 25 des forces loyalistes ivoiriennes. La juge d'instruction du tribunal aux armées de Paris, Florence Michon, est chargée de l'information judiciaire ouverte en 2005 pour "assassinats, tentatives d'assassinats, destructions de biens".
"Cinq ans après, l'enquête n'est pas enterrée. Nous avons espoir de voir de nouveaux éléments apparaître", a dit Me Balan à l'AFP. Fin 2005-début 2006, les investigations de la justice française s'étaient orientées vers le Togo, pays où réside le négociant d'armes français Robert Montoya, susceptible d'avoir fait livrer à la Côte d'Ivoire les deux Sukhoï 25 qui ont servi au bombardement. Il est également soupçonné d'avoir permis l'exfiltration des pilotes biélorusses qui étaient aux commandes. Le lendemain du bombardement, 15 mercenaires russes, biélorusses et ukrainiens avaient été arrêtés à Abidjan par l'armée française et relâchés quatre jours plus tard.
Pérignon Expert
Sujet: Re: Bombardement de Bouaké: l'avocat des familles espère une audition de MAM Ven 7 Nov 2014 - 20:52
Il y a dix ans, un bombardement tuait neuf militaires français à Bouaké… Et l’on en ignore toujours les raisons
Citation :
Cela faisait exactement 10 ans, le 6 novembre, que 9 militaires français engagés dans l’opération Licorne, en Côte d’Ivoire, perdirent la vie lors d’un bombardement effectué par deux avions Su-25 à Bouaké. Ce triste anniversaire n’a pas fait l’objet d’un traitement particulier, que ce soit par les médias (fallait s’y attendre) ou même par le ministère de la Défense.
Lors de bombardement, le RICM déplora la perte les adjudants-chefs Thierry Barathieu (43 ans) et Philippe Capdeville (46 ans), le sergent-chef Francis Delon (40 ans), le sergent Laurent Derambure (32 ans) et du soldat de 1ère classe David Decuypère (20 ans). Également affecté par cette tragédie, le 2e Régiment d’Infanterie de Marine perdit le caporal-chef Patelise Falevalu (34 ans) ainsi que les caporaux Emmanuel Tilloy (24 ans) et Benoît Marzais (21 ans). Enfin, le 515e Régiment du Train fut endeuillé par la disparition du brigadier-chef Franck Duval. En outre, une trentaine de militaires furent blessés.
Suite à ce bombardement, les forces françaises détruisirent l’aviation ivoirienne, fidèle au président Gbagbo, alors aux prises avec une rébellion venue du nord du pays. Et des heurts anti-français, très probablement souhaités par le clan Ggabgo, éclatèrent. Des pilotes et des techniciens biélorusses, impliqués dans ce drame, furent aussi arrêtés par la suite au Togo. Les interroger aurait permis d’en savoir plus sur les ordres qu’ils reçurent ce 6 novembre 2004.
Mais, selon les explications fournies depuis par les anciens responsables alors aux manettes à l’époque, il n’y avait pas de bases juridiques pour les interroger. Un point contestable… et contesté. Ce que David Sénat, ancien conseiller « justice » de Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense au moment des faits, ne s’est pas privé de faire auprès de France Inter.
« C’était le Service de coopération technique et internationale de Police, le STIP, qui a été informé de l’arrestation de ces pilotes. Et donc l’information a été communiquée au ministère de l’Intérieur et absolument pas, à ma connaissance, au ministère de la Défense. En tout cas, pas à moi. Pour autant que je sache, le 16 novembre 2004, on est encore dans des conditions de flagrance qui auraient permis, si encore une fois l’autorité judiciaire avait été informée », d’être saisie. « C’était techniquement et parfaitement envisageable », a expliqué le magistrat. « Au moment des faits, c’est une affaire qui a un retentissement essentiellement politique. C’est aussi la raison pour laquelle je n’ai pas été consulté », a encore fait valoir M. Sénat.
Aussi, dix ans plus tard, une enquête, qui a vu défiler 4 juges d’instructions, est toujours en cours. Le président Gbagbo a-t-il décidé de s’en prendre aux militaires français parce qu’ils gênaient une offensive (opération « Dignité ») contre les rebelles? Ou bien est-ce son entourage, qui exerçait une forte influence sur lui? Il y a-t-il eu une méprise des pilotes biélorusses, ou une erreur dans la précision de leur tir?
Quoi qu’il en soit, il est certain que les victimes furent les militaires français et un ressortissant américain, que les SU-25 appartenaient aux forces ivoiriennes, que leurs pilotes/mercenaires étaient payés par le régime de Laurent Gbagbo et que les deux navigateurs ivoiriens ayant participé au raid, le colonel Patrice Oueï et le capitaine Ange Gnanduillet, tous les deux promus par la suite (ce qui est une drôle de sanction pour une bavure présumée).
Saura-t-on un jour, avec certitude, le fin mot de cette histoire? C’est à souhaiter. Ne serait-ce que pour la mémoire de ces 9 militaires français et ce citoyen américain, bien oubliés aujourd’hui, ainsi que pour leurs familles.